Il n'empêche que la loi « climat et résilience », enrichie à l'issue du débat parlementaire, est très fournie : elle compte 305 articles répartis en huit titres et traite de questions très nombreuses, qui touchent tous les domaines. L'Assemblée nationale prévoit deux évaluations de l'application des lois qu'elle adopte : une à six mois, qui aurait déjà dû être entreprise et que j'appelle de mes vœux, et une à trois ans. Pour un texte aussi dense, ces évaluations seront très utiles pour mettre en lumière les avancées aussi bien que les difficultés rencontrées, et pour lever les éventuels blocages.
Un débat comme celui qui nous réunit ce soir ne permet évidemment pas de balayer tous les aspects du texte. C'est pourquoi je me propose de me focaliser sur les trois « grenades dégoupillées » identifiées par Terra Nova.
Il serait illusoire de penser que nous ferons la transition écologique sans rien changer et sans que cela se voie – dans la transformation de nos paysages, largement évoquée, mais aussi dans les habitudes, qui devront évoluer. De façon purement théorique, tout le monde est d'accord et personne ou presque ne remet plus en cause l'urgence à agir. Malgré cela, nombreux sont ceux qui s'accrochent au business as usual et qui cherchent par tous les moyens à ne rien changer à notre mode de vie, en fustigeant ceux qui voudraient imposer une écologie qualifiée de punitive, comme si notre mode de vie actuel était un aboutissement, un idéal qui ne pourrait pas être interrogé – comme si notre propre culture était menacée.
Une loi comme celle dont nous débattons entraîne donc nécessairement des frustrations et des inquiétudes, pousse les lobbys à se mobiliser pour atténuer la portée du texte ou allonger les délais d'application et crée un sentiment d'inégalité parmi ceux qui ont l'impression de contribuer plus que les autres ou d'être exclus des effets positifs de la transition en cours.
Nous devons tirer des leçons de ces constats si nous voulons avancer en sortant des postures.
Il faut tout d'abord redonner du crédit à la parole politique, c'est-à-dire respecter ce qui a été décidé…