Il ne suffit pas d'inscrire ou de répéter le mot « inclusion » pour que celle-ci soit effective et efficace. L'école inclusive ne tient pas ses promesses. Inclure un, deux, voire trois élèves porteurs de handicap, sans revoir à la baisse l'effectif de la classe ne permet pas d'atteindre l'objectif visé, surtout si ces élèves ne sont pas ou sont trop peu accompagnés par les AESH. Si l'accompagnement des AESH est déficitaire, c'est notamment parce que les délais de notification de la MDPH sont très longs et ne prennent pas en compte le caractère urgent de certaines demandes.
À cela s'ajoute la difficulté d'accueillir des élèves qui relèveraient des instituts thérapeutiques, éducatifs et pédagogiques (Itep) ou des instituts médico-éducatifs (IME) mais qui sont en attente d'une place. Dans mon département de la Loire, ils sont cent à être dans cette situation ; ils se retrouvent scolarisés au mieux en Ulis, au pire en classe dite ordinaire. Résultat : des élèves porteurs de handicap plongés dans la difficulté et le stress de l'échec, des parents angoissés par cette situation, des enseignants épuisés qui s'efforcent d'assumer des tâches pour lesquelles ils ne sont pas formés.
Je le répète, les AESH sont en nombre très insuffisant. Dans mon département, 550 élèves ne bénéficiaient pas l'an dernier d'un accompagnement nécessaire. Il y a là un problème de recrutement : ces personnels sont payés au lance-pierre – 800 euros par mois – et sont baladés d'un établissement à un autre depuis la création des pôles inclusifs d'accompagnement localisés (Pial), ce qui ajoute au mépris de l'institution la perte du sens du métier.
Notre école, celle de la République, se doit d'offrir à tous ses enfants les mêmes armes de la connaissance, pour leur permettre de s'émanciper et de devenir des citoyens conscients des enjeux de la société. Elle ne doit laisser aucun élève sur le bord du chemin. L'école de la République doit montrer sa reconnaissance aux personnels trop longtemps méprisés, ceux-là mêmes qui, chaque jour, conduisent ces élèves vers la réussite.
Monsieur le ministre, la création d'un statut d'AESH dans la fonction publique, avec une rémunération équivalente à un temps plein, fait-elle partie de votre feuille de route ?