Le choix politique, il y a quelques années, de pointer les vacances des enseignants et leur supposée semaine de 18 heures n'a pas aidé. Résultat : l'enseignant qui consacre ses jours, soirées et week-ends compris, à corriger ses copies et à imaginer ses cours, parfois entre deux portes et au beau milieu de ses occupations familiales, qui voit une centaine d'adolescents par jour, côtoie les parents et récupère de l'énergie pendant les pauses – également destinées à préparer de nouveaux cours, avec une technologie qui évolue sans cesse – se décourage. Il n'est pas bien vu par la société, pas soutenu, il est payé bien en dessous de la moyenne européenne et reste toujours à former ! Les élèves lui disent : « Prof, on ne fera pas… C'est un sale boulot. »
Le tableau n'est pas bien réjouissant mais il reflète la réalité des établissements, là où l'on vit l'école au présent, où l'on est confronté aux sujets bien connus de la laïcité, du harcèlement et des réseaux sociaux sans avoir nécessairement à dire au professeur de s'en occuper. Car l'enseignant sait ce qu'il a à faire. Il sait que sa mission, chevillée au corps, est de transmettre au plus grand nombre les bases nécessaires pour réussir dans la vie en même temps qu'un bagage civique qui permette au mieux la formation d'un jeune citoyen inséré et bien dans sa vie. Je vois là, avec mon expérience, la première urgence de tout politique qui souhaiterait améliorer le système : soutenir les professeurs, leur redonner le rôle central dans la société qu'ils n'ont plus ; rappeler que l'école est un lieu de respect et d'apprentissage à sacraliser encore et toujours.