En effet, la question éducative a toujours été considérée par la République comme l'acmé de son projet. Condorcet, les lois scolaires, la loi du 9 décembre 1905 concernant la séparation des Églises et de l'État, le programme du Conseil national de la Résistance (CNR) ont façonné notre école, jadis l'une des meilleures au monde. Aujourd'hui, la nation s'interroge : que reste-t-il des promesses et des ambitions de l'école républicaine ? Notre système éducatif est-il en mesure de relever les défis des cinquante prochaines années ? La France lui consacre une part importante de sa richesse : presque 7 % du PIB, soit quelque 82 milliards d'euros. Or, paradoxalement, les performances des élèves s'effondrent. Aussi bien le cycle des évaluations disciplinaires réalisées sur échantillons (Cedre) par l'éducation nationale que les enquêtes internationales – le Programme international pour le suivi des acquis des élèves (Pisa), le Programme international de recherche en lecture scolaire (Pirls), les Tendances dans l'étude des mathématiques et des sciences (Timss) – mettent en évidence cette dégradation constante. Le niveau baisse, c'est peu de le dire ! Quant à l'ascenseur social que constituait le mérite scolaire, il est bloqué depuis les années 1970.
Ces constats n'ont cependant eu aucune influence sur les politiques élaborées, ces dernières décennies, par les majorités successives. Il est temps d'établir devant les Français la part de responsabilité de chacune dans ce désastre – car il ne s'agit pas d'une question d'organisation, comme le prétend le chef de l'État, mais d'une crise systémique profonde et qui, je le répète, implique directement les choix opérés depuis trente ans. J'affirme ici que le délabrement du système éducatif résulte du compromis historique implicitement scellé, à l'issue de la crise de 1968 ,