Bien que vous connaissiez bien le sujet, madame Battistel, je me permets de vous corriger : l'Espagne et le Portugal ne sont pas sortis du marché européen. S'ils subventionnent effectivement très fortement leur énergie en collectant une partie des recettes par le biais de taxes imposées, c'est parce qu'en raison de leur géographie particulière, ils exportent peu d'énergie vers le reste de l'Europe, et en importent peu également. Notre géographie ne nous permet pas d'adopter un modèle similaire.
Depuis longtemps, la France appelle de ses vœux une refonte en profondeur du fonctionnement du marché européen de l'énergie. Si nous avons longtemps prêché dans le désert, depuis quelques mois, en raison de la crise que vous avez rappelée, la Commission européenne, nos partenaires allemands et la quasi-totalité des États membres ont reconnu que les marchés du gaz et de l'électricité fonctionnaient de pair mais, souvent, divergeaient. La guerre en Ukraine a aggravé un peu plus encore cette divergence, mettant en lumière l'inadaptation du dispositif.
Nous avons entamé des discussions, qui ont déjà permis des progrès en matière d'achats groupés et de plafonnement du prix du gaz, mais ce n'est pas facile, car les pays ne sont pas tous aussi dépendants les uns que les autres aux énergies. Nous devrons donc continuer à discuter avec nos partenaires européens, même si, vous le savez, la discussion en Europe prend du temps. N'en déplaise toutefois à certains dans l'hémicycle, je suis convaincu que non seulement l'Europe n'est pas le problème, mais qu'elle représente même une partie de la solution.
Néanmoins, les mesures européennes ne suffiront pas. Nous devons investir massivement dans les énergies renouvelables : c'est l'objet du texte que vous venez d'adopter – en faveur duquel vous avez sûrement voté, madame la députée. Parallèlement, le projet de loi relatif à l'accélération des procédures liées à la construction de nouvelles installations nucléaires à proximité de sites nucléaires existants et au fonctionnement des installations existantes nous permettra, quant à lui, d'accélérer nos investissements dans l'énergie nucléaire qui, j'en suis convaincu, est une énergie d'avenir.
Nous devons fournir à nos entreprises un volume important d'électricité décarbonée et peu chère : c'est l'objet de la politique du Gouvernement, et j'espère que vous continuerez à nous accompagner dans cette direction.