C'est symptomatique de la Macronie que d'essayer sans succès d'amoindrir les effets délétères des politiques qu'elle promeut elle-même. C'est tout le problème : quand le médecin est à l'origine du mal, il n'est d'aucun secours. Ces politiques dont les Français paient lourdement le prix reposent sur trois doxas : l'ultralibéralisme, qui a détruit le monopole de l'énergie, l'européisme, qui a conduit la France à s'aligner naïvement sur le prétendu modèle allemand et le nihilisme écolo antinucléaire, qui a fait d'un pays autrefois champion de l'énergie une terre soumise aux caprices de la météo.
Je suis élu du Nord. Je vais être clair : mon département crève littéralement de ces politiques. Pourtant, vous refusez d'admettre que votre logiciel est défectueux. En bons technocrates, plutôt que de proposer un changement de paradigme, vous alignez les mesurettes : un guichet par-ci, un chèque par-là, tout cela afin d'éviter une nouvelle explosion de colère.
Le problème, c'est que quand l'État est à ce point désarmé, la parole de ses dirigeants n'a plus de valeur. Le Président de la République en a livré un triste exemple en promettant aux boulangers qu'ils pourraient renégocier avec les fournisseurs leurs contrats jugés prohibitifs. C'était un vœu pieux : le flou a été total quant à la définition d'un tarif prohibitif. Le président Macron vous a pris de court ; l'Élysée avait annoncé un seuil de 220 euros le mégawattheure, qui sera finalement de 280 euros – il y a une légère différence ! Plus pathétique encore, sur le marché européen que vous chérissez, la Commission européenne, gardienne du temple ultralibéral, s'opposera à tout ce qui pourrait s'apparenter à une vente à perte par les fournisseurs. Vous faites donc des promesses que vous êtes incapables de tenir et qui, de surcroît, se heurtent à un système que vous promouvez.
Monsieur le ministre délégué, à quand une sortie du marché européen de l'énergie ?