Depuis plus d'un an, nous traversons une crise énergétique d'une ampleur égale sinon supérieure à celle du premier choc pétrolier de 1973. Elle s'annonce durable mais aurait pu être anticipée voire évitée, grâce à l'activation de trois leviers : la sobriété, l'efficacité énergétique et le développement massif des énergies renouvelables. Ce constat est posé depuis longtemps et des objectifs ont été fixés en conséquence. Le Grenelle de l'environnement proposait ainsi dès 2007 une trajectoire cohérente. Rappelons, à cet égard, un fait dont on ne parle pas assez : si nous avions atteint un seul de ses objectifs, celui qui a trait à la rénovation des bâtiments, nous ne serions aujourd'hui plus dépendants du gaz russe. Nous sommes ici très loin de ce que certains appellent l'écologie punitive.
À force d'actions non engagées, d'objectifs non tenus, de manque d'ambition, de renoncements, nous sommes au pied du mur, ce qui nous place dans l'obligation d'agir dans l'urgence en tentant de limiter la casse par un bouclier tarifaire. Or celui-ci présente plusieurs écueils : il n'incite pas à réduire la consommation d'énergie et subventionne autant les besoins vitaux des plus modestes que l'énergie superflue consommée par les plus aisés. Les foyers qui peinent à chauffer leur logement reçoivent un accompagnement financier inférieur à ceux qui chauffent leur piscine en hiver, en raison du choix que vous avez fait d'accompagner toutes les dépenses énergétiques, sans aucune distinction, ce qui est pour le moins paradoxal quand on affiche un objectif de sobriété.
Il nous paraît pourtant absolument nécessaire de distinguer l'énergie dite vitale, utilisée notamment pour se chauffer, se laver et manger, de l'énergie dite superflue. C'est pourquoi le groupe Écologiste – NUPES propose une autre solution reposant sur un principe simple : en dessous d'un certain seuil correspondant à la consommation moyenne d'un foyer français, tous les ménages bénéficieraient d'un prix fortement administré, inférieur au tarif du bouclier actuel, ce qui permettrait de protéger ceux qui en ont le plus besoin ; au-delà de ce seuil, toute consommation serait facturée au prix du marché, ce qui serait puissamment désincitatif. Cette proposition, je le précise, s'inspire de l'économiste Jean Pisani-Ferry.
Ma question sera simple : le Gouvernement est-il prêt à faire évoluer l'actuel bouclier tarifaire pour aller dans le sens d'une plus grande justice écologique et sociale ?