J'ai dirigé durant dix ans une école universitaire de management – un institut d'administration des entreprises (IAE). La moitié des étudiants se trouvaient en formation continue et une proportion significative d'entre eux avaient été, dix ou vingt ans auparavant, des lycéens de la voie professionnelle. Ils réussissaient plutôt bien : certains se sont même engagés dans un cursus doctoral.
Il me semble essentiel d'expliquer aux lycéens professionnels, qui n'en ont pas toujours conscience, que jamais les passerelles n'ont été aussi nombreuses dans notre pays et qu'en validant ses acquis par l'expérience, on peut, à tout âge, valoriser son parcours et obtenir les plus hauts diplômes universitaires – qu'on croit trop souvent réservés aux cursus académiques solides et aux parcours linéaires.
C'est une façon, aussi, de leur dire que les enseignements fondamentaux ont toute leur place dans leur formation, qu'ils seront un levier dans leur vie. Je me réjouis, à cet égard, de vous entendre indiquer avec la plus grande clarté que la réforme maintiendra les enseignements fondamentaux à leur niveau actuel, voire les renforcera. On peut être allergique aux savoirs académiques à 17 ans et, à 35 ans, en comprendre toute la richesse. Ce n'est pas un problème, dès lors qu'on a su les côtoyer, à bonne hauteur, au lycée.
Il est également important de mieux insérer ceux qui ne poursuivent pas leurs études immédiatement. Vous avez raison de dire que les contenus doivent être adaptés ou repensés. J'ai vu des maquettes de formation en commerce qui n'abordaient que succinctement le commerce électronique ou des formations à la plasturgie qui faisaient pratiquement l'impasse sur la question du recyclage.
Enfin, l'allongement éventuel des stages devrait concerner plutôt les élèves de deuxième et de troisième année, la première année étant plutôt consacrée à l'acquisition du savoir technique dans les ateliers du lycée.