Nous considérons que la voie professionnelle fait partie du patrimoine national et qu'elle est un conservatoire du savoir-faire et des métiers : ce bien commun doit être regardé avec la plus grande précaution. Aussi sommes-nous dubitatifs à l'égard du projet de réforme que le Gouvernement a engagé avec une certaine forme de rudesse, voire de brutalité. La réforme de M. Blanquer a abîmé l'enseignement professionnel : le chef-d'œuvre est un gadget, à l'instar du grand oral en terminale classique, et la co-intervention réduit le temps que les élèves consacrent aux humanités. Il ne faut pas poursuivre dans cette voie.
Pour nous, le problème tient au fait que les lycées professionnels reçoivent des élèves cabossés – cabossés non seulement par la vie et par la société, mais aussi, parfois, par l'école. La vraie question est donc celle de l'orientation. Or celle-ci s'effectue par défaut en classe de troisième – cela de façon systémique. Tel est l'enjeu dont le Gouvernement ou les réformateurs doivent s'emparer. Plutôt que le lycée professionnel, n'est-ce pas le collège qu'il faut réformer, afin de résorber les difficultés des élèves et de les orienter non plus par défaut, mais par choix ?