Le principe du chef-d'œuvre semblait intéressant en théorie – j'y voyais l'occasion de s'ouvrir à la culture –, mais il est très difficile à faire vivre. Je discutais ce matin même avec mes professeures de lycée ; elles m'ont confié que, si le chef-d'œuvre disparaissait, elles ne le pleureraient pas. Nous peinons à nous approprier ce projet comme il se doit et les jeunes n'y adhèrent pas, ou peu.
Vous avez par ailleurs évoqué l'immersion : étant moi-même un artisan, j'y suis pleinement favorable – il n'y a rien de tel. Néanmoins, le temps d'immersion n'est pas comparable à un stage. Quand une entreprise accueille un jeune pendant une période très circonscrite, son temps d'immersion constitue davantage une phase d'observation qu'un enseignement opérationnel – c'est ainsi, et il faut l'accepter. On retrouve une distinction similaire dans l'apprentissage : les compétences techniques s'acquièrent en entreprise, tandis que les savoirs sont dispensés par le CFA. Au lycée professionnel en revanche, la culture générale et la culture technique sont toutes deux dispensées par l'établissement scolaire. Les CFA peuvent prévoir des temps plus différenciés, parce que les apprentis consacrent davantage d'heures aux aspects techniques que les lycéens professionnels. Ma recommandation est donc de ne pas pousser trop loin les temps d'immersion.