La transformation de la voie professionnelle que vous avez en effet engagée a permis de supprimer 1 500 postes en lycées professionnels et a réduit de manière radicale les enseignements généraux : pour citer quelques exemples, en CAP, nous sommes passés de trois heures de français par semaine à une heure, alors même que les élèves concernés sont les plus fragiles ; en bac professionnel, le nombre d'heures consacrées aux matières lettres-histoire est passé de cinq à trois. La transformation de la voie professionnelle introduite par Jean-Michel Blanquer a donc largement contribué à ce cruel manque de temps que nous dénonçons.
Quant au dispositif du chef-d'œuvre, qui occupe trois heures par semaine, il est fortement contesté par la profession et par les élèves. Nous ne percevons pas sa valeur ajoutée. Au reste, que pourrait être un chef-d'œuvre dans les filières tertiaires, notamment pour les élèves qui préparent le baccalauréat professionnel ASSP – accompagnement, soins et services à la personne : une toilette mortuaire, par exemple ? La profession conteste le chef-d'œuvre et demande son abrogation, d'autant qu'il n'a pas été ajouté aux programmes existants, mais qu'il est financé sur les horaires d'enseignement.
Enfin, la démarche de projet est constitutive du lycée professionnel – les professeurs de cette filière qui sont présents dans la salle ne me démentiront pas. Nous avons toujours adopté une démarche de projet dans notre pédagogie. Malheureusement, les réformes successives – notamment celle que vous avez soutenue – nous empêchent de mettre en œuvre des projets. Si le temps d'école se réduit encore à l'avenir, nous ne pourrons plus mener aucun projet artistique, culturel et sportif, alors même que nos élèves sont les plus éloignés de ces pratiques en dehors de l'école.