L'atout du lycée professionnel réside dans la capacité des enseignants à produire des parcours de réussite : il faut être conscient que celui-ci récupère en seconde des élèves qui sont, pardonnez-moi l'expression, cabossés par la vie. Mme Kergoat l'a très bien souligné : il s'agit de jeunes issus de milieux populaires, cumulant des difficultés économiques, sociales et scolaires et qui sont assez éloignés des attendus de l'éducation nationale. L'engagement sans faille des enseignants de lycées professionnels permet de les remobiliser, à travers les matières professionnelles, sur des savoirs plus académiques et d'aboutir à des parcours de réussite : pratiquement la totalité des jeunes concernés atteint ainsi un premier niveau de certification, sanctionné par un diplôme.
Je rappelle par ailleurs qu'il n'y a pas en lycée professionnel de « gâchis collectif » comme a pu le déclarer le Président de la République : 13 % des jeunes décrochent, ce qui est certes encore trop, mais nous formulons des propositions afin de réduire cette proportion, tandis que dans la filière de l'apprentissage – que je ne voudrais pas mettre en opposition –, plus de 40 % des jeunes subissent des ruptures de contrats qui les conduisent souvent à abandonner complètement leur scolarité et à grossir les rangs des Neet – ni en emploi, ni en études, ni en formation –, c'est-à-dire sans solution de formation.
Le problème crucial du lycée professionnel est le manque de temps pour offrir de solides formations générales et professionnelles : la preuve en est que le ministère de l'éducation nationale s'efforce d'instaurer des parcours étalés sur quatre années – par exemple, dans le secteur de la carrosserie, un bac professionnel de trois ans, suivi d'un CAP d'un an en peinture. Nous devons réfléchir en ce sens. D'ailleurs, les entreprises accueillent rarement des jeunes mineurs. Or les élèves sortent du lycée professionnel à 18 ans.