Monsieur le ministre délégué, « gouverner, c'est d'abord loger son peuple ». Ces mots de l'abbé Pierre, souvent répétés, sont plus que jamais d'actualité.
Le mal logement est souvent dû à un logement mal isolé. Parmi nos concitoyens, les locataires de HLM sont une population particulièrement exposée à ce problème, même s'il faut reconnaître que la qualité thermique du parc HLM est légèrement supérieure à celle du reste du parc immobilier. Il est néanmoins urgent de se concentrer sur la rénovation de nos logements sociaux. Rien que dans ma circonscription, à Cergy-Pontoise, 8 100 logements sont des passoires énergétiques.
Une urgence, d'abord, car les prix de l'énergie flambent. Si les bailleurs sociaux bénéficient du bouclier tarifaire pour le chauffage collectif au gaz, celui-ci ne s'applique pas aux parties communes ni aux immeubles chauffés à l'électricité. Ces charges sont ensuite répercutées sur les locataires dans des immeubles qui sont souvent de véritables passoires.
Une urgence aussi car, depuis le 1er janvier, les bailleurs ne peuvent plus louer les logements classés G qui consomment plus de 450 kilowattheures d'énergie finale, ce qui est évidemment très bien. Toutefois, cette disposition implique que de 51 000 logements sociaux risquent d'être exclus du parc si des rénovations ne sont pas effectuées. Ainsi, d'ici à 2034, les bailleurs sociaux devront rénover près de 1,2 million de logements pour un coût qui dépassera 40 milliards d'euros. Je rappelle que, dans le projet de loi de finances pour 2023, le Gouvernement n'a pas retenu un amendement que nous avions fait adopter grâce à ma collègue Eva Sas, qui visait à allouer 6,8 milliards d'euros de plus pour la rénovation thermique. Si rien n'est fait, nous courrons à la catastrophe. Pouvons-nous pousser des personnes à la rue alors que plus de 300 000 personnes – ainsi que vous le savez – n'ont toujours pas de toit ?
Une urgence, enfin, car la production annuelle de logements sociaux s'est effondrée. Alors qu'en 2016, 123 000 logements ont été construits, autour de 95 000 logements l'ont été chaque année depuis l'instauration de la réduction de loyer de solidarité – RLS. La production s'effondre et le nombre insuffisant de rénovations pourrait conduire à réduire le nombre de logements disponibles. Ma question est très simple : quand le Gouvernement investira-t-il de manière massive dans le logement social et la rénovation afin d'éviter la catastrophe à laquelle nous courrons ?