La question de l'hybridation est aussi ancienne que la réflexion stratégique. Le général Lucien Poirier, avec le concept de « stratégie intégrale », ou l'amiral Raoul Castex avec celui de « stratégie politique » avaient pensé ces sujets à leur époque et avec leurs moyens. Réfléchir dans ce format, en décloisonnant, est particulièrement éclairant.
Madame Legendre, vous avez décrit les mécanismes d'influence russe sur la bulle cognitive russe et sur la désinformation en Europe, et la stratégie globale, spécifiquement vers le Sud. Quel doit être le rôle du Quai d'Orsay dans la fonction stratégique d'influence qui se dégage de la nouvelle Revue nationale stratégique ? Jusqu'où les diplomates doivent-ils descendre dans l'arène, à la manière de « loups guerriers », pour reprendre une expression chinoise ? Ne joue-t-on pas là à armes très inégales avec des régimes autoritaires qui s'affranchissent de la vérité, la gauchissent voire la recréent, sous l'angle de la désinformation ? Les démocraties peuvent-elles répondre avec des moyens satisfaisants à de telles campagnes de propagande, puisque vous avez employé le mot, qui semble approprié, de « contre-propagande » ?
Madame Palle, avec des coupures tournantes plutôt bien organisées, le réseau ukrainien fait preuve d'une forte résilience. La culture du risque est ainsi un sujet fondamental pour les sociétés occidentales. Quels sont les risques de black-out dans les semaines et mois qui viennent ? S'ils sont possibles, comment et avec quel scénario se manifesteront-ils ? À quel point l'aide occidentale, à travers les réseaux européens, peut-elle contribuer à se prémunir de cette éventualité ?
Monsieur Abis, comment le corridor terrestre a-t-il été créé ? Quel est son avenir, alors que les voies maritimes sont largement empêchées ? Quelle évolution des cours prévoyez-vous dans les deux à quatre ans qui viennent ? Quelles seront les conséquences pour nos économies occidentales et la France en particulier ?
Que devrions-nous envisager en termes de résilience alimentaire – la réorientation de certaines productions, une vision différente de nos chaînes d'approvisionnement ou un mode de consommation différent pour certains produits ?