Il est surprenant que le ministère de l'Europe et des Affaires étrangères soit auditionné sur le thème de la lutte informationnelle.
L'influence française est certes du domaine de la diplomatie : un budget de 15,1 millions a été consacré à la relance de notre politique d'influence et, en 2023, 2 millions supplémentaires devraient abonder la feuille de route de l'influence de la diplomatie française, pour des projets d'enseignement supérieur et pour renforcer la projection française en matière d'expertise et de coopération muséales. Dans tout cela, rien ne concerne la défense nationale pour 2023.
Les champs de la lutte d'influence et de la lutte informationnelle semblent bien différents. Madame Legendre, vous vous fondez sur la feuille de route de décembre 2021, élaborée sous M. Le Drian et reprise dans la Revue stratégique de défense et de sécurité nationale, pour évoquer votre travail dans le champ de la lutte informationnelle. Le budget pour 2023 ne comprend toutefois aucun élément relatif à ce domaine.
Dans quelle mesure et à quel horizon le ministère de l'Europe et des affaires étrangères exercera-t-il un rôle central à l'international en la matière, puisque tel est l'objectif que le président Macron lui a fixé dans son discours de Toulon ?
De quelle manière la diplomatie peut-elle œuvrer à la lutte informationnelle alors qu'en théorie, son champ d'application relève de la représentation et du dialogue en transparence auprès des autres pays ?
Cette tutelle ne risque-t-elle pas de brouiller le message de la diplomatie nationale envers les autres pays, laissant planer un mélange des genres, entre diplomatie et opérations militaires ou souveraines de défense nationale.
Enfin, faut-il voir là un lien avec la suppression du corps diplomatique ?