Peut-on qualifier la guerre en Ukraine de guerre hybride, en ce sens qu'elle opère sur plusieurs fronts, sous plusieurs formes et dans plusieurs domaines simultanément ? Dans ce conflit, il y a la guerre classique avec un ennemi identifié et des cibles claires ; puis, il y a la désinformation, la menace nucléaire et la pression alimentaire. L'accord sur les céréales ukrainiennes vient d'être reconduit par l'Ukraine et la Russie, après une suspension par cette dernière, à la suite d'une attaque sur le port de Sébastopol. La centrale nucléaire de Zaporijjia est devenue un enjeu stratégique et une menace pour le monde entier.
Ces deux sujets, bombardés de désinformation de part et d'autre par les belligérants, fournissent un enseignement précieux et l'exemple d'une guerre dans une guerre où, en dehors de l'aspect militaire, des enjeux tout aussi importants s'entrechoquent. La centrale nucléaire visée ou non par les Russes ou les Ukrainiens, les champs de blé brûlés ou non par les Russes représentent des enjeux de communication stratégiques, qui font de cette guerre un conflit multiforme où chaque aspect est déterminant.
Enfin, il y a les belligérants eux-mêmes. Pour la Russie, le conflit ukrainien n'est pas une guerre mais une « opération militaire spéciale ». Le rôle de la Biélorussie, les combattants insurgés du Donbass, les divers attentats sur les ponts, le sabotage des pipelines Nord Stream ou l'assassinat de Daria Douguina donnent une forme hybride au conflit et le complexifient terriblement. La multiplication des acteurs et des actions rend sa lecture beaucoup plus floue. Toutes ces actions hostiles paraissent cependant peu efficaces.
Les armes multichamps non conventionnelles qui frappent plusieurs cibles sont-elles efficientes et décisives sur les champs de bataille ?