Ne croyez pas que je vous méprise : je connais votre intelligence et je suis convaincu que vous parviendrez à modifier artificiellement et superficiellement le contenu de votre programme. Mais, à l'heure qu'il est, le programme de Marine Le Pen ne parle ni des actionnaires ni des dividendes, pas plus que celui d'Emmanuel Macron. Si l'on ne voit pas que le capital se gave devant quarante ans sur le dos des salariés, il n'y a pas grand-chose à aller gratter. Vous n'avez pas intégré cette dimension du capital contre le travail. Je crains que vous ayez l'intelligence de le faire à l'avenir mais, pour l'heure, ce n'est pas le cas.
Je suis sans doute l'un des rares à avoir lu le programme du Front national depuis sa fondation en 1972. Dans les années 1980, vous étiez plus libéraux que Chirac, que Thatcher et que Reagan. Vous adoriez l'Europe, parce qu'elle était libérale et qu'elle était un rempart contre le bolchevisme. Dans les années 1990, vous avez opéré un grand retournement et êtes apparus comme protectionnistes et répondant à une demande de protection des classes populaires. Vous avez eu un temps d'avance sur nous. Nous allons le rattraper.