Je maintiens que le point commun entre le programme de Marine Le Pen et celui d'Emmanuel Macron – qui est aussi un point aveugle –, c'est le refus de voir que, depuis les années 1980, il y a eu un basculement de 10 points de la valeur ajoutée du travail vers le capital. Dans les années 1980, on travaillait une semaine par an pour les actionnaires ; aujourd'hui, c'est quatre semaines. Or le mot « actionnaires » était absent du programme de Marine Le Pen comme de celui d'Emmanuel Macron. Et il l'est également de votre proposition de loi.
Je ne vois pas en quoi prendre 10 points de cotisations retraite aux salariés pour leur donner un peu plus de pouvoir d'achat dans l'immédiat est une bonne chose pour eux. Je comprends que c'est une façon de faire face à l'urgence, mais il est urgent aussi de rétablir un équilibre entre le travail et le capital, et cela reste votre point aveugle. Encore une fois, ce que vous proposez n'a rien de neuf. Vous vous inscrivez dans une tradition vieille de quarante ans, que ma collègue a bien rappelée : allégements Fillon, CICE, pacte de responsabilité. Je suis un peu navré qu'un mouvement qui se dit neuf propose une politique aussi usée et à bout de souffle.
Si je me bagarre pour obtenir l'indexation des salaires sur l'inflation, c'est parce que c'est au moment où on l'a supprimée, dans les années 1980, que la part du travail dans la valeur ajoutée a chuté. Il faut que tous les salaires, et pas seulement le Smic, soient liés à l'inflation. Avec une inflation à 7 ou 8 %, il faut augmenter tous les salaires de 8 %, au moins jusqu'à 2 000 ou 2 500 euros par mois.