Cette proposition de loi est le fruit des consultations et des remontées de terrain de ces derniers mois. Cette voie médiane est on ne peut plus pragmatique. L'aspiration légitime des salariés à voir leur travail mieux rémunéré est ancienne et s'était déjà manifestée lors de la crise des « gilets jaunes ». Elle est aujourd'hui accentuée par la crise inflationniste.
Cette aspiration est partagée par les entreprises, en particulier par les plus petites d'entre elles, qui savent bien que le travail doit être mieux rémunéré, notamment pour garder les talents dans les secteurs en tension. Récompenser le travail à sa juste valeur permet aussi de recréer une cohésion au sein même des entreprises, après tous les efforts consentis pour traverser la crise du covid et permettre à notre pays de tenir.
Enfin, cette proposition de loi vise à remettre au cœur du projet républicain le sens même de la « valeur travail ». Les moyens, parfois ingénieux, auxquels nous avons eu recours ces dernières années pour augmenter légèrement le pouvoir d'achat des travailleurs n'ont jamais porté sur le salaire, c'est-à-dire sur l'élément central de la rémunération. On a ainsi amélioré le régime des heures supplémentaires, on a versé des primes, on a mis en place des aides, mais les salaires ne sont plus augmentés depuis longtemps. Il s'agit pourtant de ce que l'individu reçoit, pour lui-même et sa famille, en contrepartie de son travail. Le salaire est paradoxalement devenu le parent pauvre de notre système social et de notre méritocratie.
Alors que le besoin de revaloriser le salaire se ressent sur le terrain, notre proposition est la meilleure façon de le satisfaire, sans idéologie. Je suis donc déçu par les remarques que j'ai pu entendre à l'instant, mais aussi par ce que j'ai pu lire dans les amendements. Nous faisons face, en effet, à une opposition idéologique qui, d'ailleurs, reprend les critiques formulées notamment par la gauche – heureusement que le ridicule ne tue pas – contre la prime Macron, pour s'opposer au Rassemblement National. Nous avons pris, quant à nous, nos responsabilités, en juillet, en votant le dispositif de primes qui nous était proposé. Certes, il n'était pas parfait mais le plus important, pour nous, c'est d'améliorer le pouvoir d'achat des Français, pas de faire de la politique politicienne.