Depuis plusieurs semaines, les Français vivent dans l'angoisse de voir leur pays, autrefois leader européen de l'électricité décarbonée grâce au nucléaire, devenir un mendiant énergétique et risquer des coupures cet hiver. Les récents propos alarmistes de certains ministres ne nous ont d'ailleurs guère rassurés. L'influence du lobby écologiste antinucléaire au sein de l'Ademe a été récemment soulignée. À plusieurs reprises, ces dernières années, l'Agence a publié des rapports accréditant l'hypothèse d'un possible mix électrique 100 % renouvelable en 2050. Les postulats de départ farfelus, l'absence de comité scientifique et le décalage complet avec la réalité de chaque source d'énergie auraient pourtant dû nous alerter sur la crédibilité de ces études.
La dernière d'entre elles concluait à l'inutilité de construire de nouveaux réacteurs EPR. Elle a été écartée afin de ne pas créer de dissonance avec la conversion récente du Président Macron aux bienfaits du nucléaire, motivée par le calendrier électoral.
Notre groupe a lancé, il y a deux mois, une commission d'enquête visant à identifier les responsabilités dans notre perte de souveraineté énergétique. Nul doute que le discours antinucléaire militant caché sous les fausses évidences des données scientifiques a eu sa part dans la désorganisation de la filière française. L'expertise technique ne devrait jamais servir à faire de la politique.
Président de l'Ademe, comment garantirez-vous l'objectivité des avis de l'Agence ? Faudrait-il revenir sur l'objectif fixé par la loi de 50 % de production d'électricité d'origine nucléaire d'ici à 2035 et sur le plafond de puissance installée limité à 63,3 gigawatts ? Le Président Macron a promis six, plus huit, réacteurs EPR, dont deux d'ici 2050, mais la PPE prévoit de fermer douze réacteurs d'ici à 2035. Quel est votre avis sur l'hypothèse d'une prolongation de la durée de vie de ces douze réacteurs ?
Enfin, il semble que le conseiller en matière d'énergie et d'environnement du Président ait un avis très réservé sur le nucléaire, puisqu'il a récemment déclaré que l'incidence de l'atome sur l'environnement était beaucoup plus forte que les énergies renouvelables en raison des émissions de CO2. Vous connaissez bien Emmanuel Macron. Quelle sera la ligne défendue, celle du conseiller à l'Élysée ou celle de l'éventuel président de l'Ademe que vous aspirez à être ?