Tous les intervenants disent que les ZFE-m ne marchent pas, qu'elles posent beaucoup de problèmes, mais qu'il faut quand même continuer à les mettre en place… Notre discours a le mérite d'être clair : supprimons les ZFE-m, repartons de zéro et trouvons ensemble un nouveau dispositif !
Il est inexact de dire que nous ne proposons rien. Si nous voulons supprimer les ZFE-m, nous voulons aussi inciter en douceur, avec pédagogie et grâce à des aides ciblées, les Français à changer de véhicule, par exemple pour qu'ils remplacent une voiture des années 2000 par une autre des années 2010. Il s'agit d'accélérer un peu le processus d'extinction naturelle du vieux parc automobile.
Autre solution, rendre le décalaminage obligatoire. Selon les acteurs de la filière que nous avons auditionnés, un entretien une fois par an permettrait de réduire dans une proportion de 40 % à 60 % la pollution aux particules fines. On pourrait donc renforcer les normes du contrôle technique pour ce qui concerne la pollution atmosphérique. Cela permettrait de rompre avec la logique consistant à interdire aux véhicules anciens d'aller en ville, qui n'est pas comprise par les Français, est socialement injuste et pose de nombreuses difficultés d'application.
Nombreux sont ceux qui mettent en avant les transports en commun – mais s'il n'y a pas d'alternative à la voiture, on ne peut pas interdire aux gens d'entrer dans les villes, et cela quel que soit l'âge de leur véhicule ! Les petites lignes du quotidien souffrent depuis des années d'un sous-investissement chronique : en un siècle, je le répète, on a fermé 40 000 kilomètres d'entre elles, ce qui a provoqué l'explosion du trafic routier. Tant qu'on n'y a pas remédié, on ne peut adopter une écologie punitive qui exclurait les Français des zones rurales des centres-villes. Les enjeux sanitaires sont très importants mais plus vous enclavez les zones rurales, plus vous les stigmatisez ; vous dites à leurs habitants qu'ils ne sont pas les bienvenus dans les villes – c'est en tout cas le sentiment qu'ils ont – alors même que les établissements et les professionnels de santé s'éloignent d'eux et que leurs trajets en voiture ne cessent de s'allonger.
Il y a une vingtaine d'années, l'écart d'espérance de vie entre les urbains et les ruraux était de deux mois ; il est aujourd'hui de deux ans et demi. On note donc un accroissement des inégalités sanitaires entre les zones rurales et les zones urbaines.
J'ai habité à Saint-Joseph, commune rurale située non loin de votre circonscription, monsieur Fugit. Avec ma 306, malgré les bouchons sur le pont de Givors, je rejoignais Lyon en quarante minutes ; avec le train, cela m'aurait pris une heure et demie.
L'exclusion des voitures en ville est décorrélée du développement des transports en commun : voilà le problème. C'est pourquoi je parle de décroissance et de passéisme. On cherche à compliquer la vie des Français et à ralentir leurs déplacements au lieu de les faciliter grâce à un plan d'investissement dans les transports en commun.
Quant aux attaques politiciennes auxquelles certains se sont livrés, je les prends comme des taquineries. « Pollutio-scepticisme » : j'aime beaucoup ce néologisme, monsieur Millienne. Vous prétendez que je n'ai pas consulté votre rapport. C'est faux : je l'ai évidemment lu avec la plus grande attention et, monsieur Adam, j'ai auditionné les Aasqa, dont Atmo France et Airparif.