La protection de l'enfance connaît une crise durable et profonde. Le Président de la République avait déclaré vouloir en faire une cause majeure de son quinquennat. Si l'on fait des promesses électorales en invoquant le droit des enfants, il faut se donner les moyens de les tenir. Il faut donc se ressaisir rapidement.
Si tous les enfants méritent que nous prenions en considération leur intérêt supérieur, c'est encore plus vrai pour les enfants placés. Or nous sommes loin du compte. Quand un enfant n'a pas la chance d'obtenir un lit dans un foyer, il reste en attente dans la famille dont le juge a décidé de l'éloigner. Il est d'ailleurs étonnant qu'il n'y ait pas plus de drames.
Mesures de placement en milieu ouvert non exécutées, listes d'attente sans fin, crise des vocations, turnover, surcharge de dossiers, salaires moindres : telle est la situation. Le Carrefour national de l'action éducative en milieu ouvert nous alertait, au printemps, sur le fait que 70 % des associations avaient une liste d'attente – en 2019, elles étaient 50 %. Certaines de ces listes vont de vingt à cinquante semaines.
Au cœur du manque de moyens, qui est devenu un bien triste leitmotiv, se trouvent des enfants qui ont déjà beaucoup souffert dans leur famille, c'est-à-dire l'endroit qui devrait les protéger et leur fournir l'amour nécessaire pour grandir. L'État intervient donc, mais il est lui aussi défaillant, ajoutant une nouvelle souffrance à celles que ces enfants ont dû subir depuis le début de leur existence.
Pour pallier la longueur des listes d'attente, de nombreux établissements sociaux et médico-sociaux doivent faire appel à des intérimaires ou à des personnes non qualifiées. Quand ils n'y parviennent pas, cela occasionne une surcharge de travail pour l'équipe en place.
Comment garantir la qualité du suivi ainsi que de l'accueil et donner à ces mineurs la stabilité dont ils ont désespérément besoin ? À quelle échéance envisagez-vous d'ouvrir les vannes des moyens financiers pour assurer une protection à la hauteur à tous ces enfants qui, derrière ces statistiques, souffrent en silence ?