La France est sur ce point à l'image de l'Europe. À partir de 2010, on a restreint partout les budgets par le biais des montants, en mégawatts, inscrits dans les appels d'offres pour un prix subventionné. Cela pouvait se comprendre dans la mesure où le prix de l'éolien, déjà presque abordable, atteignait tout de même 70 à 80 euros par mégawattheure. On pensait à l'époque que le nucléaire était beaucoup moins cher, mais on a vu ensuite que le nouveau nucléaire l'était nettement plus, raison pour laquelle EDF a demandé au Royaume-Uni un prix de vente garanti de plus de 100 euros par mégawattheure. L'éolien semblait cher et le solaire hors de prix. Les volumes ont donc été réduits.
Dans le même temps, la Chine a commencé à développer les renouvelables et à produire des cellules et panneaux solaires. Du fait de l'effondrement du marché européen, les fabricants de cellules et de panneaux, dont Total faisait partie, ont connu d'importantes difficultés financières. Toute l'industrie allemande, la plus développée, a disparu : tout le monde a fait faillite ; certains ont été rachetés par des acteurs asiatiques. Total a souffert pendant cette période, mais nous avons réussi à maintenir nos usines de panneaux solaires de Toulouse et Carling.
L'Europe a d'abord protégé son industrie d'importations trop massives en provenance d'Asie, notamment sur critères environnementaux, puis elle a levé ces barrières qui renchérissaient le coût de production de l'énergie solaire européenne. De ce fait, les deux usines de Total, qui existaient encore quand je suis parti, sont en train de fermer.
L'expérience a été compliquée. En interne comme à l'extérieur, nous étions très critiqués de vouloir continuer à faire des énergies renouvelables.