Nous avons fait de la recherche et développement, et à l'époque, nous étions les seuls. Je peux vous dire que dans les années 2000, il n'y avait pas grand monde pour travailler sur le solaire ! Il s'agissait surtout de recherche, car le développement était limité : peu étaient prêts à payer le prix. Nous nous sommes préparés, nous avons anticipé, comme aujourd'hui. Total fait beaucoup de recherche, notamment en France. Nous n'avons pas réussi à créer le super centre de recherche dédié aux énergies nouvelles dont nous avions le projet à Palaiseau ; je le regrette – surtout pour la France, car ces recherches auront lieu ailleurs. Quoi qu'il en soit, après la phase de recherche, nous passons au déploiement industriel quand les clients sont prêts à consommer.
Bien sûr, nous suivons la trajectoire carbone, mais nous n'allons pas « évangéliser » les populations ; le Giec est là pour ça, pour alerter sur les dangers. Le rôle de TotalEnergies est de travailler à des solutions. Nous nous préparons à une trajectoire conforme à la COP21, qui incorpore encore du gaz et du pétrole, mais en nette diminution. Actuellement, nombre de pays ne la suivent pas. L'Europe se met en avant, ce que je trouve absolument admirable. Mais, globalement, ces énergies sont tout de même plus chères que les énergies fossiles, sans quoi il n'y aurait pas de débat – on ne développe pas des énergies fossiles pour enquiquiner le monde, mais parce qu'elles sont moins chères et abondantes. À l'avenir, l'Europe va donc payer structurellement son énergie plus cher, et il y aura des délocalisations d'entreprises. Les États-Unis ont sur nous un avantage structurel : au lieu de démanteler les fossiles avant d'avoir développé les renouvelables, ils développent celles-ci de surcroît. La démarche européenne est peut-être plus vertueuse, mais aussi plus compliquée.