Nous sommes une entreprise, et une entreprise a des clients. Nous avons besoin d'anticiper leur demande pour investir avant de pouvoir produire. Nous avons pour principe de leur apporter une énergie fiable – donc les énergies alternatives ne peuvent pas suffire, même si elles font partie de la panoplie –, propre et abordable – ce que souhaitent tous les clients.
Les postures, les « y a qu'à, faut qu'on », l'idée que le monde ne veut plus d'émissions de carbone ne correspondent pas à notre expérience. Certes, il existe une aspiration à des énergies décarbonées, et elles ont fait beaucoup de progrès. Nous y avons largement contribué : le coût de production de l'électricité photovoltaïque est tombé de 500 euros par mégawattheure à 50 en Europe et à 15 dans les pays très ensoleillés où nous œuvrons. En revanche, elle n'est toujours pas produite la nuit. Quoi qu'il en soit, aucune énergie n'est idéale ; c'est une affaire de compromis.
Et ce choix, ce sont les clients qui le font, influencés par la manière dont les États réglementent, soutiennent certaines énergies, en taxent d'autres ; nous ne pouvons pas le leur imposer. Quand nous avons commencé à développer les ventes d'énergie électrique aux particuliers – nous avons maintenant 9 millions de clients –, nous avons mis l'électricité verte au même prix que l'électricité dite grise – largement décarbonée en France –, et son taux de succès était d'un sur deux ; maintenant, elle est un peu plus chère et 10 % des clients la choisissent. Pour l'anecdote, certains maires voulaient que Total arrête de produire des hydrocarbures, mais quand nous leur avons proposé de fermer nos stations-services dans leur commune, ils ont dit non.
Nous ne sommes pas des dictateurs. Nous n'avons pas les moyens de décider pour nos clients ce qu'ils vont consommer.