L'objectif de la troisième génération de réacteurs était d'accomplir un saut très important en matière de sûreté nucléaire. L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) est réputée pour son exigence et ses compétences. Il ne peut pas y avoir de nucléaire sans une autorité de sûreté forte et performante. L'ASN applique le principe de sûreté selon lequel il faut utiliser le meilleur des connaissances disponibles : voilà pourquoi le niveau de sûreté ne cesse de s'élever. Ce mouvement est à la fois vertueux et indispensable à l'avenir du nucléaire. À la suite de la catastrophe de Fukushima, des réévaluations de sûreté ont effectivement été menées, dans le but d'accroître la résilience des centrales ; demandées par les autorités de sûreté, ces opérations, que je trouve positives, sont en cours de déploiement chez EDF.
Je l'ai dit tout à l'heure, l'un des facteurs clés du succès de la construction du parc de réacteurs en France fut l'alignement de tous les acteurs, du plus haut niveau de l'État jusqu'à l'ensemble des professionnels dans les entreprises, sur les objectifs du programme – les problèmes de personnes que nous avons évoqués sont un contre-exemple évident. La filière doit s'aligner derrière un chef de file au moment où l'on se prépare, si cette intention est confirmée, à construire à nouveau des réacteurs en série. Les restructurations participent à cette mise en ordre de la filière : il faut poursuivre dans cette voie de consolidation, encore inachevée. Il sera temps ensuite de se ranger derrière la politique du Gouvernement, la nouvelle délégation de programme interministérielle au nouveau nucléaire ayant justement pour but de veiller à l'alignement de la filière derrière les nouveaux objectifs de l'État. La désignation d'un chef de file est nécessaire à l'alignement de la filière, et il me paraît opportun qu'EDF joue ce rôle.