TotalEnergies investit 4 milliards d'euros sur un total de 16 milliards dans les énergies renouvelables et l'électricité décarbonée. Nous sommes la cinquième plus grosse entreprise au monde à investir dans ce secteur. Les capacités d'investissement de l'entreprise ne sont pas décidées en fonction des profits réalisés dans l'année. Nous avions annoncé que nous augmenterions nos investissements, qui devraient atteindre plus de 5 milliards l'année prochaine. Le ratio que vous demandez n'a pas réellement de sens, puisque pour produire, il faut d'abord investir. En 2000, nous ambitionnions que 20 % de notre mix 2030 soit constitué d'énergies électriques et renouvelables. Nous avons commencé à investir il y a quelques années. Or, il nous est en même temps demandé de fournir du pétrole et du GNL. Nous devons donc trouver l'équilibre entre l'approvisionnement dans les énergies qui nous font vivre et l'investissement dans les énergies de demain. Nous considérons faire partie des acteurs qui investissent le plus dans ces énergies.
L'Europe, les parlements ont décidé que les véhicules seront électriques. La place des véhicules légers à hydrogène sera par conséquent marginale. La question se pose donc davantage pour les camions. Nous ne ferons pas beaucoup d'effort pour les véhicules à hydrogène. Nous annoncerons prochainement la construction d'un réseau européen d'une centaine de stations à hydrogène pour les camions. Pour des raisons économiques, nous ne pourrons pas construire à la fois une infrastructure à hydrogène pour les véhicules légers et une installation de bornes de charges. Je ne sais pas si le choix qui a été fait est le bon. Pour notre part, nous accompagnons la demande, qui est concentrée sur les bornes de recharge.
Total n'était pas un acteur de l'électricité en 2010 et il m'est difficile de répondre à votre question sur l'Arenh. La France a fait ce choix pour répondre aux exigences de la communauté européenne pour ouvrir à la concurrence en réallouant une partie de la rente nucléaire. L'Arenh n'est pas un gain pour TotalEnergies : nous renvoyons les volumes que nous recevons à nos clients. Nous réallouons l'Arenh dans nos prix. Le défaut du dispositif est que l'Arenh est attribuée à des bénéficiaires qui ne l'utilisent pas.
Madame Laernoes, je n'ai jamais dit que les profits étaient plus importants que les émissions. Il n'y a rien de surprenant dans le fait qu'une entreprise comme la nôtre a vocation à produire de l'énergie en faisant des profits. Nous ne mènerons pas la transition énergétique uniquement grâce à des investissements publics. Les investissements privés seront nécessaires, et ces derniers doivent engendrer des profits. Cela n'est pas contradictoire avec le respect de la politique de baisse des émissions. Nous nous sommes engagés à diminuer nos émissions de scope 1 et 2 de 40 % entre 2015 et 2030. Elles ont déjà baissé de 20 %. Notre mission est de fournir plus d'énergie au monde en engendrant moins d'émissions. Or, pour investir dans les énergies renouvelables, il est nécessaire que nous réalisions des profits sur nos autres activités.
L'ensemble de ce débat n'est pas seulement européen, mais mondial. L'accord de Paris portait le titre d'accord sur le climat et le développement. La question du développement a également été évoquée lors de la COP 27 à Charm el Cheikh. Les pays émergents expriment une demande légitime d'accéder à une énergie croissante. Le principal enjeu est d'éviter de continuer à ouvrir des centrales au charbon. Or, la seule ressource naturelle majeure de ces pays reste le charbon, qui garantit en outre un emploi à un très grand nombre de personnes. Les Européens ne doivent donc pas seulement se préoccuper de leurs émissions, mais également aider les pays émergents à mener la transition. La bonne réponse n'est pas de laisser ces pays dans une situation de dénuement. Par conséquent, l'essentiel de nos productions est destiné à ces économies, d'où provient la croissance de la demande.
S'agissant de Landivisiau, la rentabilité des centrales à gaz étant assez faible, nous cherchons des partenaires à qui les revendre. Nous gardons le contrôle de la centrale. Par ailleurs, quel que soit son propriétaire, l'objectif de la centrale qui existe est de fonctionner. Une fois construite, elle participera à la souveraineté électrique du pays. Nous avons exécuté ce projet, qui ne remplissait pas les critères de rentabilité du groupe TotalEnergies. Beaucoup d'acteurs financiers sont prêts à investir dans ces infrastructures dont les revenus sont plus ou moins garantis.
Je connais mal la question des combustibles solides de récupération. Je sais que ces déchets constituent une source d'énergie pour les cimenteries depuis longtemps. Le projet de loi me paraît couvrir un grand nombre d'énergies. Il pourrait proposer des mesures approfondies sur le stockage de l'électricité. Pour compenser l'intermittence des énergies renouvelables, si nous ne souhaitons pas construire de centrales à gaz, nous devrons développer des batteries. Les États-Unis ne construisent désormais plus de centrales solaires sans batteries.
L'éolien offshore devrait être l'une de nos priorités. En effet, une ferme éolienne offshore peut produire 500 mégawatts ou 1 gigawatt d'électricité. La France accuse un certain retard dans ce domaine, alors que ces technologies se sont fortement améliorées au fil du temps. Ces projets demandent du temps, et nous devrions rapidement les déployer pour atteindre les objectifs annoncés par le président de la République.