Je voudrais apporter quelques éléments de réponse sur des points précis.
Tout d'abord, comme la plupart des amendements les concernent, je rappelle que les éoliennes produisent de l'énergie 90 % du temps : cela mérite d'être souligné, d'autant que ce n'est pas forcément le cas de toutes les centrales nucléaires. En outre, leur taux de charge est supérieur à 40 % : sachant qu'un parc éolien permet de produire 500 MW à 2 GW, c'est un taux de charge équivalent à la production d'un réacteur nucléaire. Attention, donc, à ne pas sous-estimer l'apport des éoliennes en mer. D'ailleurs, d'autres pays l'ont bien compris, comme le Royaume-Uni, dont le mix énergétique décarboné s'appuie à la fois sur les éoliennes en mer et sur le nucléaire.
Le projet d'éoliennes en mer du Touquet a été interrompu du temps de Nicolas Sarkozy – voilà à quoi je travaillais sur mon téléphone, monsieur Taché de la Pagerie. C'était en 2012, donc une vieille histoire ; votre argument n'est que destiné à la séance.
Par ailleurs, si les dispositions de la loi relative à la différenciation, la décentralisation, la déconcentration et portant diverses mesures de simplification de l'action publique locale, dite 3DS, permettent d'ores et déjà d'empêcher l'installation d'éoliennes terrestres dans des zones délimitées par les maires, l'objectif du présent texte est d'élargir cette possibilité à d'autres types d'énergies renouvelables. Je ne peux donc pas laisser dire que la majorité n'a pas prêté attention aux conséquences pour les paysages et pour les habitants des zones rurales. Seulement, nous essayons également d'assurer l'indépendance énergétique de la France, afin que notre destin énergétique ne repose pas dans les mains des pays producteurs de gaz et de pétrole, ces deux énergies représentant actuellement 66 % de notre mix énergétique – M. Jumel l'a très justement rappelé.
L'objectif de planification visé par le texte est de redonner aux élus de terrain la possibilité de décider de l'implantation des projets, puisque ce sont les mieux placés pour savoir ce que pensent leurs concitoyens et quelles zones sont praticables et pourraient accueillir des installations : il me semble que c'est exactement ce que vous appelez de vos vœux.
Pour en avoir longuement parlé avec les élus de mon territoire, je peux vous dire que, même dans les Hauts-de-France, certains élus souhaitent mener à terme leurs projets d'éoliennes : pas parce qu'ils sont déjà encerclés, mais tout simplement parce que ce sont des projets aux retombées positives pour le territoire. Il faut aussi savoir le reconnaître.
Enfin, laissons les Français nous dire ce qu'ils souhaitent – c'est tout l'enjeu de la concertation que nous lançons. Néanmoins, si vous tenez à ce que nous débattions à coups de chiffres, laissez-moi vous communiquer ceux du sondage Harris Interactive d'octobre 2022, qui ne sont pas inintéressants : 71 % des Français sont favorables au développement des éoliennes, et 89 % des propriétaires d'une résidence principale ou secondaire située à moins de dix kilomètres d'un parc éolien jugent le développement éolien nécessaire.
Ces chiffres contredisent vos propos. Laissons le débat public qui se déroule en ce moment suivre son cours : grâce à la CNDP, nous disposerons ainsi d'éléments factuels qui nous permettront de faire le départ. Pour ma part, je crois les Français beaucoup plus matures et leur jugement bien plus nuancé que je ne l'ai entendu sur vos bancs.
Enfin, je ne peux résister à l'envie de rappeler qu'en 2011 Marine Le Pen, votre lumière, déclarait que la sortie du nucléaire serait « positive » et « limiterait les dangers pour le monde », qu'elle disait en 2012…