…alors que nous étions en la matière les leaders internationaux grâce à une industrie nucléaire florissante que le monde entier nous enviait. Vous nous dites que les bénéfices de l'exploitation des énergies renouvelables sont en train de compenser les investissements publics pharaoniques dans ce secteur. Pourtant, le compte n'y est pas : tandis que l'on estime à 120 ou 150 milliards d'euros le montant total des engagements financiers, la Commission de régulation de l'énergie (CRE) évalue les recettes, à l'occasion de cette insupportable hausse des prix, à 31 milliards à peine. La fameuse rente des producteurs d'électricité est donc ponctionnée aux dépens du pouvoir d'achat des Français, diminué par une explosion des prix de cette énergie dont votre politique, en la rendant moins abondante, se trouve directement responsable !
Vous nous parlez également de l'objectif de 23 % d'énergies renouvelables dans notre consommation finale, imposé par l'Union européenne, que nous n'avons pas atteint. Qu'avez-vous fait pour le remettre en cause lors de ses révisions successives, en 2018 et 2022 ? Où étiez-vous pour faire entendre la voix de la France et obtenir qu'à cet objectif trompeur en soit substitué un autre, portant sur la production bas-carbone au lieu de la production renouvelable ? Renouvelable, en effet, ne veut pas dire bon pour le climat : la principale énergie qui a permis à l'Union européenne d'atteindre en 2020 son objectif d'ensemble de 20 % d'énergies renouvelables était la biomasse, autrement dit la combustion de bois ou de gaz.
Par ailleurs, tous les États n'ont pas été logés à la même enseigne. Pour atteindre 20 % à l'échelle de l'Europe, on a demandé 23 % à la France et 18 % à l'Allemagne : où est la justice, où est l'équité ? En 2020, nous avons atteint 19,1 % d'énergies renouvelables, contre 19,3 % pour les Allemands : quasiment le même niveau. Cessons donc de nous flageller alors que, dans le même temps, nos voisins émettent deux fois plus de carbone par habitant que nous – ce qui, en plus de réchauffer l'atmosphère, entraîne chaque année des dizaines de milliers de morts, y compris sur notre sol.
Le groupe Les Républicains s'est montré extrêmement clair au sujet des points d'ouverture, parmi lesquels l'éloignement des éoliennes, sur terre ou sur mer : le saccage de nos campagnes par des aérogénérateurs de plus en plus massifs ne peut continuer. Nos monuments historiques, notre littoral, notre ligne d'horizon constituent l'attrait touristique de nos territoires, du cadre de vie dont, je crois, nous sommes tous très fiers. À l'heure où la Chine développe des éoliennes offshore de 16 mégawatts de puissance et 270 mètres de haut, il est essentiel de mieux protéger notre patrimoine paysager, témoignage de notre belle histoire. Vous croyez nous rassurer en précisant que seul 1 % du territoire national serait planté d'éoliennes à la suite de l'adoption de ce texte : 1 %, c'est la surface d'un département, cinquante fois celle de Paris – une perspective effrayante !
Un autre point de négociation aurait pu être le rôle des élus, qui doit être renforcé. Vous nous proposez de définir des zones d'accélération en accord avec les maires, mais leur définition et leur validation nécessiteront plusieurs mois, voire des années de procédure. Pendant ce temps, et en attendant leur entrée en vigueur, des milliers d'éoliennes continueront d'être installées tous azimuts, sans aucun droit de regard des conseils municipaux. Vous ne souhaitez pas modifier le code de l'environnement pour entendre la voix des territoires ; nous continuerons quant à nous de la porter pendant les discussions qui commencent ce soir.
Dans ces conditions, et pour toutes ces raisons, nous aborderons l'examen du texte avec beaucoup de vigilance, notamment s'agissant de sa principale mesure : l'instauration, sans attendre la mise en place des zones d'accélération en concertation avec les conseils municipaux, de la fameuse raison impérative d'intérêt public majeur. Il ne s'agit là rien de moins que d'écraser le droit commun, et accessoirement la faune et la flore, au profit d'une industrie largement étrangère pour remplir des objectifs injustes et sans lien avec le climat.