Emmanuel Macron semblait partager ce constat : il a déclaré le 14 janvier 2020 à Pau, lors d'une table ronde, que « la capacité à développer massivement l'éolien est réduite », insistant sur le fait que « le consensus sur l'éolien est en train de nettement s'affaiblir dans notre pays ».
La Première ministre, alors ministre de la transition écologique et solidaire, Élisabeth Borne, déclarait une semaine plus tard : « Le développement de l'éolien est très mal réparti en France. […] Cela s'est fait de façon anarchique, et on a des territoires dans lesquels il y a une saturation, y compris visuelle. » Il existait alors un consensus pour dire que ce développement s'était fait sans maîtrise publique, ni structuration de filières françaises, au détriment de nos paysages, de notre patrimoine, et surtout de notre économie, puisque la majorité des producteurs d'éoliennes sont situés outre-Rhin et que l'essentiel des produits du marché du photovoltaïque sont fabriqués en Chine.
Une accélération, oui, mais laquelle ? Sans véritable plan ni moyens, l'État ne va pas accélérer grand-chose. Il ne fera que mettre une fois de plus les mêmes territoires à contribution, au mépris des procédures de concertation du public, de notre indépendance et de la biodiversité, comme l'ont dénoncé des dizaines d'institutions et d'organisations non gouvernementales.
L'accélération n'est pas ce qui motive réellement ce projet de loi. Il vise à envoyer un signal au marché : en France, c'est désormais open bar au développement sans contraintes des énergies renouvelables. Rien ne saura entraver les VRP d'éoliennes ou des panneaux solaires, car rien n'existe dans ce projet – ou pas grand-chose, devrais-je dire – pour empêcher le développement des énergies renouvelables hors des zones définies comme prioritaires par les maires.
Ce projet de loi ne revient sur rien et propose au contraire d'accélérer la mise en miettes de la péréquation tarifaire – toutefois, j'ai cru comprendre qu'un amendement vise à corriger cela ; nous l'examinerons avec attention.
Nous alertons les députés de gauche comme de droite qui sont attachés à l'unicité d'EDF, car ce projet de loi peut constituer le premier levier, la première marche, pour faire entrer le cheval de Troie où se cache Hercule 2.0, ce projet que vous attendez tant pour démanteler une fois pour toutes EDF.