L'an 2035, c'est la date à laquelle vingt-six de nos cinquante-six réacteurs nucléaires arriveront au terme de cinquante années d'exploitation. Tous devront alors passer le cap d'un contrôle de sûreté approfondi pour voir leur activité prolongée de dix années supplémentaires. En matière énergétique, 2035, c'est demain.
Soixante pour cent, c'est selon Réseau de transport d'électricité (RTE) la proportion d'électricité que nous devrons produire en plus à l'horizon 2050 pour répondre à nos besoins croissants d'électrification pour l'industrie, les transports et les bâtiments, si nous voulons devenir le premier grand pays industriel au monde à sortir des énergies fossiles et à atteindre la neutralité carbone.
Mesdames et messieurs les députés, ces trois chiffres montrent bien que nous sommes à un tournant historique. Et si nous voulons devenir enfin maîtres de notre destin énergétique, nous ne pourrons nous passer d'aucune énergie décarbonée, nucléaire comme renouvelable, tant la marche à franchir est haute. Lorsque je dis renouvelable, je parle bien de toutes les énergies renouvelables, celles qui produisent de l'électricité comme celles qui produisent de la chaleur. Nous devons donc toutes les développer car il y a urgence.
Urgence face à la crise climatique qui provoque les dérèglements que nous constatons tous : mégafeux, inondations, sécheresses. Cela se vérifie plus que jamais : personne ne peut regarder ailleurs. Urgence également face à la crise énergétique la plus grave que nous connaissons depuis les années 1970. Vous le savez, devoir importer des énergies sans en maîtriser le coût, c'est affaiblir le pouvoir d'achat des Français, c'est peser sur la compétitivité de nos entreprises, c'est réduire les capacités d'investissement des collectivités locales.
Face à ces enjeux, nous ne sommes pas sans solutions. Grâce au travail du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec), du Haut Conseil pour le climat ou de RTE, nous savons quels doivent être les quatre piliers intangibles de notre action.
Le premier est la sobriété énergétique. Le 6 octobre dernier, avec la Première ministre, j'ai présenté un plan de sobriété qui vise à réduire de 10 % notre consommation d'énergie d'ici à 2024. L'État ainsi que des centaines d'entreprises et de collectivités locales sont déjà mobilisés pour y parvenir.
Deuxièmement, nous menons des actions ambitieuses en matière d'efficacité énergétique, qu'il s'agisse de la rénovation thermique des bâtiments, du verdissement des transports ou encore de la décarbonation profonde de l'industrie. Le rapport de RTE nous le démontre : d'ici à 2050, si nous voulons atteindre la neutralité carbone, il nous faudra réduire de 40 % notre consommation d'énergie finale.
Troisième pilier : le déploiement massif des énergies renouvelables. C'est tout le sens du grand plan « énergies renouvelables » que j'ai lancé en juin dernier. Grâce à celui-ci, nous avons débloqué 10 gigawatts (GW) de production électrique et 1 térawatt de biométhane. Pour accompagner et assurer la réussite de ce plan, nous avons renforcé les effectifs des équipes d'instruction sur le terrain et nous avons adressé une circulaire aux préfets et services déconcentrés de l'État pour s'assurer de leur implication et de leur engagement. S'agissant des énergies renouvelables, c'est en tout près de trente textes réglementaires qui ont été présentés depuis le mois de mai devant le Conseil supérieur de l'énergie. Le projet de loi que j'ai l'honneur de vous présenter constitue le volet législatif de ce plan global.
Quatrième et dernier pilier : la relance d'un programme nucléaire ambitieux, comme l'a proposé le Président de la République. Cela fait l'objet d'un débat public, engagé en octobre, mené par la Commission nationale du débat public jusqu'à la fin du mois de février 2023. Afin d'anticiper, car nous n'avons pas de temps à perdre, nous travaillons à simplifier les procédures administratives de construction de nouveaux réacteurs à proximité des sites qui en accueillent déjà.