Intervention de Serge Muller

Séance en hémicycle du jeudi 1er décembre 2022 à 9h00
Retraite de base des non-salariés agricoles — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSerge Muller :

Au Rassemblement national, nous avons toujours souhaité que les agriculteurs puissent bénéficier d'un niveau de vie décent tout au long de leur carrière, et particulièrement lors de leur départ à la retraite. Aujourd'hui, ils subissent les effets d'un régime profondément injuste qu'il convient de corriger. Profondément injuste, puisque le calcul de la pension de retraite prend en compte la totalité de leur carrière, alors qu'il se fonde sur les vingt-cinq meilleures années pour les indépendants et sur les six derniers mois pour les fonctionnaires. Profondément injuste, puisqu'ils sont soumis à des lois qu'ils ne peuvent pas maîtriser : les lois des marchés financiers, mais aussi les lois climatiques, toutes deux aussi imprévisibles que violentes. Profondément injuste, puisque les membres de leur famille, partie intégrante de cette main qui nous nourrit, touchent une retraite inférieure à l'allocation que perçoivent les demandeurs d'asile. Quelle décadence !

Calculer la retraite des agriculteurs sur leurs vingt-cinq meilleures années renvoie aussi à la question de notre souveraineté. Alors qu'il y a trente ans, notre pays était au deuxième rang mondial pour les exportations, il serait aujourd'hui déficitaire s'il n'y avait pas les exportations de vins et de spiritueux. Cette situation ne risque pas de s'arranger, pour une double raison : 50 % de nos agriculteurs vont partir à la retraite dans dix ans et ce métier n'attire plus.

Je vous le demande donc : qui prendra le relais dans dix ans pour assurer notre souveraineté alimentaire, pour façonner nos territoires et pour faire vivre nos campagnes ? Leurs enfants ? Je ne le pense pas. Je doute sincèrement qu'ils veuillent connaître le même sort que leurs parents après les avoir vus subir de plein fouet la mondialisation. Des actifs en quête de vocation, peut-être ? Mais qui rêve d'un métier qui réclame soixante heures de travail par semaine pour une retraite très largement inférieure au reste de la population ? Qui rêve d'un métier qui n'offre pas plus de trois jours consécutifs de vacances aux deux tiers de ceux qui l'exercent ? Qui rêve d'un métier qui n'assure qu'une pension de retraite de 800 euros par mois, soit 7 000 euros de moins que les retraités du régime général sur l'année ?

Mes chers collègues, je vous le demande : qui rêve d'un métier où l'on travaille tous les jours de la semaine, où l'on vous assomme avec des normes produites par la technocratie européenne, où l'on vous expose à la concurrence internationale pour des raisons purement idéologiques ? Mesdames et messieurs les députés de la majorité, je vous en prie, un peu de bon sens ! Ne tombez pas dans la crainte de la réforme qu'ont connue les gouvernements successifs des socialistes et des Républicains.

Les réformes de petits pas ne fonctionnent pas. Après l'échec d'Egalim 1 et d'Egalim 2 – loi pour l'équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire et une alimentation saine, durable et accessible à tous et loi visant à protéger la rémunération des agriculteurs –, ne nous proposez pas d'Egalim 3, 8 ou 12. Il nous faut des réformes de fond. Il est grand temps de se réveiller ; il est grand temps de nous écouter ; il est grand temps d'agir au service des agriculteurs de France.

Il faut en finir avec l'idéologie du libre-échange qui permet l'importation en Europe de produits agricoles à bas coût de piètre qualité mettant nos agriculteurs dans une situation de concurrence exacerbée.

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