Le bilan des COP successives sur le climat et la biodiversité n'incite pas à un enthousiasme frénétique. On oscille entre la tentation malthusienne de se demander si le monde ne serait pas meilleur sans l'homme et l'optimisme naïf de certains, dont la foi en la technologie et en la science est inébranlable et qui nous disent de ne pas nous inquiéter car nous trouverons bien une solution aux problèmes que nous avons nous-même créés.
Aujourd'hui, on nous propose une autre voie : faire confiance aux politiques – nous – de tous les pays, qui vont s'engager et affirmer de grandes ambitions dans un texte audacieux.
Je souhaite vous raconter une histoire vraie, vécue. Il y a une trentaine d'années environ, un restaurateur, nostalgique de sa Bourgogne natale, a introduit chez nous l'escargot de Bourgogne. Si les escargots étaient censés rester confinés dans son arrière-boutique, ils s'en sont évidemment échappés et ont envahi l'habitat naturel des petits escargots endémiques dont on se servait chez nous pour fabriquer couronnes et parures.
Alors, un fonctionnaire bien inspiré s'est dit qu'il fallait introduire un prédateur de cet escargot. Ce serait la guêpe, qui n'existait pas chez nous auparavant. Or la guêpe, trouvant d'autres espèces beaucoup plus faciles à chasser – parmi lesquelles les abeilles endémiques –, s'est assez peu intéressée à l'escargot de Bourgogne.
Le même fonctionnaire, à moins qu'il ne s'agisse de son cousin, s'est dit qu'il fallait trouver le prédateur de la guêpe. On a donc introduit le merle des Moluques. Eh bien, le merle des Moluques a tué toutes les perruches endémiques de Polynésie. Et la guêpe est toujours là.
Encore une fois, ce fonctionnaire zélé s'est dit qu'il fallait trouver un prédateur du merle des Moluques. On a alors amené un rapace qui n'existait pas chez nous, le busard de Gould. Et ce dernier s'est intéressé à toutes les autres espèces d'oiseaux, à l'exception du merle des Moluques.