Aucun des objectifs de protection de la biodiversité définis par la Convention d'Aichi en 2010 n'a été atteint. On peut toujours se consoler en se disant que, si ces objectifs n'avaient pas existé, la situation serait encore pire. C'est toutefois une bien maigre consolation, car l'extinction du vivant se poursuit inexorablement.
Le chiffre le plus marquant est probablement celui fourni par le WWF – Fonds mondial pour la nature –, qui établit que les populations mondiales d'oiseaux, de mammifères, de reptiles, d'amphibiens et de poissons ont décliné de 69 % depuis 1970. En France par exemple, les populations d'oiseaux ont diminué de 30 % en trente ans. Les populations de hérissons sont en baisse, tout comme les populations de chauves-souris, et celles des espèces que l'on ignore ou que l'on méprise, telles que les abeilles ou les vers de terre, pourtant essentielles au vivant, en particulier pour la culture de notre nourriture végétale. Nous, l'espèce humaine, sommes responsables de l'extinction en cours, pourtant nous ne faisons rien pour enrayer la catastrophe.
Les COP sur la biodiversité n'ont jusqu'à présent servi qu'à produire des déclarations d'intention, comme celle sur laquelle nous devons nous prononcer aujourd'hui. Leur objectif réel est de disculper les gouvernements de l'accusation d'indifférence. Pas plus que les autres pays, la France n'est à la hauteur des enjeux.
Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) a publié il y a deux ans un rapport très critique sur l'inaction de notre pays, qui manque de moyens humains et financiers pour protéger le vivant, comme en atteste la situation de l'Office français de la biodiversité (OFB). Par ailleurs, les lois qui vont dans le bon sens ne sont pas appliquées, comme la loi pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages, qui prévoyait de « réduire à zéro la perte nette de biodiversité ». Aujourd'hui même, la presse rapporte que, malgré l'interdiction en vigueur depuis le 1er janvier 2022, la France continue à exporter massivement des milliers de tonnes de pesticides toxiques.
Ceux qui nous gouvernent ont également pris des décisions graves, comme celles d'autoriser à nouveau les néonicotinoïdes, de détricoter le droit de l'environnement et de laisser une réglementation laxiste provoquer une artificialisation excessive des sols. Les outre-mer hébergent 80 % de la biodiversité française, mais sont privés de toute politique ambitieuse de protection du vivant.