En présentant une résolution appelant le Gouvernement à soutenir un accord ambitieux lors de la prochaine conférence des parties (COP) à la Convention sur la diversité biologique, nous tenons à ce que l'Assemblée nationale se saisisse d'une des questions politiques les plus essentielles de notre temps : le maintien de la vie.
Pour se nourrir, se loger, se livrer à l'ensemble de ses activités économiques et sociales, l'humanité a utilisé de plus en plus d'espace, mordant années après années sur les espaces naturels, au point que seules 5 % de la surface de la terre demeureraient totalement inaltérées. La sixième extinction, en cours, est inédite, par sa rapidité et par son origine humaine.
La question de la biodiversité s'est donc invitée à l'agenda des Nations unies quasiment en même temps que celle du climat. La COP biodiversité vise un triple objectif : conserver la diversité biologique ; promouvoir sa durabilité ; renforcer le partage juste et équitable des avantages découlant de l'utilisation des ressources génétiques.
Pourquoi défendons-nous cette proposition de résolution ? La COP15 sera l'une des plus importantes depuis que les Nations unies se consacrent à la biodiversité. Néanmoins, disons-le, les conditions pour parvenir à un accord ne sont pas encore entièrement réunies. Le présent texte vise à donner au Gouvernement les moyens de se prévaloir d'un soutien clair et sans faille de notre assemblée, afin de soutenir les objectifs de la France et de l'Union européenne : préserver 30 % des terres et 30 % des océans ; nous engager à réduire autant que possible l'empreinte écologique des activités humaines ; reconnaître le rôle passé et présent des peuples autochtones dans la conservation de la biodiversité ; mobiliser des ressources financières pour permettre aux pays en développement de préserver la biodiversité sans entraver leur marche vers le bien-être.
La COP15 de Montréal constituera un rendez-vous crucial pour l'avenir de la planète. En 2021, 28 % des espèces étudiées figuraient sur la liste des espèces menacées. Au rythme actuel des déforestations, les forêts tropicales pourraient avoir disparu entre 2070 et 2090. Au-delà de ces tristes données, c'est une conception de notre monde qui est en jeu. Rappelons d'abord que la disparition d'une espèce entraîne souvent la disparition de celles qui lui sont liées. Si nous n'y prenons garde, l'être humain disparaîtra un jour, faute de pouvoir trouver dans la nature, par un prélèvement raisonné, les ressources dont il a besoin pour se nourrir et se soigner.
La COP15 ne consiste pas simplement à créer de vastes zones naturelles. Elle nous oblige à réfléchir à notre place et à notre rôle sur terre ; elle nous oblige également, puisque nous sommes l'espèce la plus évoluée – du moins, je le crois –, à assumer nos responsabilités à l'égard du vivant.
Je formule le vœu, qui m'est cher, que la présente proposition de résolution soit votée à l'unanimité de notre assemblée, tout en étant conscient que la question de la biodiversité est traversée par des divisions. Elle vise pourtant des objectifs suffisamment ambitieux pour mériter votre soutien, d'autant qu'ils seront difficiles à atteindre. Ils se situent dans la droite ligne de notre politique étrangère en matière d'écologie, marquée le 7 novembre dernier par la déclaration du Président de la République en faveur de l'interdiction d'exploiter les grands fonds marins. Notre collègue Nicolas Thierry a d'ailleurs déposé une proposition de résolution en ce sens. Nous ne pouvons présager d'un succès de la COP15 : soutenons ensemble une ambition commune et forte en faveur de la biodiversité.
Chers collègues, je vous appelle à adopter cette résolution, qui exprimera l'engagement de notre nation, de notre assemblée, à défendre la vie sur terre.