Il est des temps où les hésitations sont des trahisons, où les tergiversations sont des abandons, où les faux questionnements sont des lâchetés. Nous vivons un de ces temps.
L'Ukraine a besoin de nous, et nous avons besoin d'elle. Tout le reste n'est que rhétorique, petit calcul politicien ou, pour les cyniques de toujours, du réalisme à l'arrière-goût munichois. Il est des temps où l'on doit choisir son camp, où l'on fait corps, où l'on ne mégote pas son soutien ; des temps où le monde se partage en deux sans qu'il y ait de troisième voie. Nous vivons un de ces temps.
Comment faut-il le dire ? Au risque de se répéter, l'avenir de l'Europe – de notre Europe – se joue là-bas, sur les rives de la Dniepr. En effet, après avoir répété à l'envi qu'elle était impensable, inenvisageable, impossible, l'Union européenne a découvert, stupéfaite et démunie, qu'une guerre conventionnelle et de haute intensité se déroulait à ses frontières, alors qu'elle n'y était pas préparée et était encore moins armée. Cette impréparation des États européens pose d'ailleurs quelques questions, d'abord en termes de solidarité. « Nous n'avons pas à rougir de ce qui est fait », a assuré le ministre Sébastien Lecornu, ajoutant que « nous allons continuer à aider l'Ukraine aussi longtemps que le conflit durera ».
Et pourtant ! Les données enfin communiquées par le Gouvernement permettent d'utiles comparaisons avec nos voisins – notamment l'Allemagne et le Royaume-Uni – qui malheureusement ne sont pas vraiment à notre avantage. Nous apprenons ainsi que la France a formé 400 militaires ukrainiens. En neuf mois de conflit, vous avouerez que cela ne pèse pas lourd, sachant que plus d'un demi-million de soldats ukrainiens sont actuellement engagés ! Outre-Rhin, plus de 700 soldats ukrainiens ont reçu une formation, soit presque deux fois plus qu'en France ! Et que dire du Royaume-Uni ? C'est l'un des pays, après les États-Unis, qui soutient le plus l'Ukraine. Notez qu'il a déjà formé plus de 7 400 recrues et qu'il forme actuellement 1 900 soldats supplémentaires.
On se souvient, en octobre dernier, de la vidéo dans laquelle le président ukrainien nous demandait de l'aide militaire mais soulignait, de facto, le rôle modeste, voire très modeste joué par la France en ce domaine, quels que soient les critères – matériels ou humains – pris en compte.