Je commencerai en ayant une pensée pour le peuple Ukrainien, un peuple qui depuis maintenant neuf mois subit l'occupation, les bombardements, la privation, la torture, le viol et la mort ; un peuple qui, face à l'envahisseur, a su faire preuve d'héroïsme et de courage ; un peuple qui devra subir la rigueur de l'hiver souvent sans chauffage, sans électricité, parfois avec bien peu de nourriture ou sans eau potable courante.
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a poussé un cri d'alarme. L'hiver sera meurtrier pour des millions de personnes en Ukraine. La Russie veut faire geler l'Ukraine. Elle prive les Ukrainiens d'énergie, elle les prive de soins, elle les prive de tout.
La moitié des infrastructures énergétiques sont soit endommagées, soit détruites. Les bombardements de stations d'épuration ont provoqué une pollution de l'eau, des centaines d'hôpitaux et d'établissements de soins ne sont plus opérationnels – quelque 700 d'entre eux ont été attaqués – et certains sols ont été contaminés.
Cette situation est le résultat des bombardements ininterrompus de la Russie contre les infrastructures énergétiques et les infrastructures publics ukrainiennes. Ces pratiques dessinent une stratégie russe de la terreur qui vise à faire faiblir la détermination ukrainienne. Pourtant, celle-ci ne vacille pas. Dans cette situation, l'accès à l'aide humanitaire est crucial, de même que la livraison des générateurs d'énergie
Nous saluons la solidarité internationale, européenne et française qui s'est organisée pour venir en aide à l'Ukraine, pour fournir l'aide humanitaire et le matériel militaire. Face au retour de la guerre, l'Union européenne n'a pas failli. L'Europe a su être solidaire. Collectivement, nous avons accueilli les millions de réfugiés ukrainiens arrachés à leur maison, à leur famille, à leurs proches. Cet accueil nous honore mais, surtout, il nous rappelle que personne ne quitte son foyer le cœur léger et que notre devoir est d'offrir protection et asile à toutes celles et à tous ceux qui en ont besoin.
L'Europe a également su dessiner l'embryon d'une Europe de la défense. Son soutien a été déterminant dans cette guerre et dans la capacité de l'Ukraine à faire face à Vladimir Poutine et à sa folie meurtrière. Ce sursaut des États européens ne doit pas faire oublier le manque de coordination de mutualisation, et l'absence d'une politique de défense européenne structurée. Il ne doit pas nous faire oublier non plus qu'en 2014, nous avons dénoncé mais laissé se produire l'annexion illégitime et illégale de la Crimée. C'est l'invasion commencée en 2014 qui se poursuit aujourd'hui.
Dans un monde incertain, nous avons besoin de développer une politique étrangère et de défense européenne forte, cohérente, crédible et dissuasive. L'Europe de la défense est aujourd'hui indispensable pour garantir la paix, garantir notre souveraineté, notre intégrité géographique ainsi que notre autonomie diplomatique et stratégique à l'égard des grands blocs qui composent notre monde multipolaire.
De même, dans un monde incertain, l'indépendance, notamment énergétique, est cruciale. Aujourd'hui, le manque d'indépendance énergétique, les Français et les Françaises en paient littéralement la facture.
Malgré l'agressivité croissante manifestée par la Russie qui, comme d'autres régimes autoritaires, a pour seul objectif de fragiliser nos démocraties, nous n'avons rien fait, avant le déclenchement de cette guerre, pour mettre un terme à notre dépendance énergétique, notamment à l'égard du gaz et de l'uranium russes. Malheureusement, nous n'en sommes pas complètement sortis puisque, pas plus tard qu'hier matin, à Dunkerque, la France a reçu une livraison d'uranium russe. Nous devons cesser toute importation avec les Russes : continuer à leur importer de l'énergie, c'est leur donner du pouvoir.
Le soutien que nous apportons à l'Ukraine s'inscrit dans le cadre du droit ; il est fondé par le droit des peuples à s'autodéterminer. Si le groupe Écologiste s'apprête à voter la proposition de résolution, c'est non seulement pour soutenir le peuple ukrainien dans sa lutte contre un occupant illégitime et violent qui commet de nombreuses exactions, mais aussi pour soutenir les Russes qui s'opposent au régime autocrate de Vladimir Poutine et s'élèvent contre la guerre. C'est aussi pour rappeler à tous les États autoritaires que l'Europe et la France se tiennent aux côtés des peuples qui luttent pour leurs droits, leur autodétermination et leur aspiration à vivre libres.