Je rappelle que 56 % des étudiants affirment ne pas manger à leur faim, et 40 % renoncer à des soins. J'entends vos propos sur mon ton péremptoire mais vous n'êtes pas exempts d'un tel reproche. J'ai entendu que cette proposition de loi favoriserait l'assistanat ! Que le Gouvernement prend à bras-le-corps le problème puisqu'il augmente de 4 % le montant des bourses et de 3,5 % celui de l'aide personnalisée au logement ! Vous êtes déçus par le ton que j'emploie ? Mais il est badin par rapport à celui dont useraient les 56 % et 40 % d'étudiants dont je parle s'ils vous entendaient vanter le bilan du Gouvernement et les renvoyer aux conclusions d'une concertation dans un an et demi !
De nombreux chercheurs l'ont démontré : la logique de solidarité familiale est impuissante car les paramètres sont tellement divers qu'on n'arrive jamais à une bonne solution – d'où la situation actuelle. J'ai entendu deux types de propositions : certains se félicitent du statu quo du Gouvernement avec des revalorisations qui n'en sont pas et des conclusions à venir ; d'autres estiment que les étudiants doivent trouver un emploi. Mais le chômage des jeunes est élevé : vous ne parviendrez pas à faire travailler 3 millions d'étudiants !
Enfin, il n'est pas question de promouvoir l'individu roi mais l'individu citoyen. La mesure que je propose n'est pas individuelle mais collective. Des jeunes ne parviennent pas à se loger, des personnels du Crous de Grenoble font dormir les étudiants sur leur canapé, j'en connais qui dorment dans leur voiture ! Moi-même, je me suis retrouvé sans abri ! S'ils arrivent à se loger, des centaines de milliers d'étudiants, peut-être des millions, se nourrissent de pâtes et travaillent sur des feuilles de papier faute de pouvoir payer un ordinateur ! Mais qu'on se le dise, les bourses augmentent de 4 % et les APL de 3,5 % ! Et d'abord ils n'ont qu'à travailler ! Non, ce ton ne sera décidément pas agréable à vos oreilles. Cela fait des années que j'essaie de faire entendre la détresse étudiante. À vouloir revaloriser les bourses sans changer le système, on ne changera rien. La solidarité familiale écrase les classes populaires ; il faut en venir à la solidarité nationale.