Cette proposition de loi ne fera que du mal à la France. Elle est mauvaise sur le fond comme dans ses modalités d'application.
Sur le fond, elle constitue un véritable revenu de solidarité active ( RSA) – lequel, on le sait, est le summum de l'assistanat ; peu nombreux sont ceux dont la vie professionnelle rebondit après sa perception. Aujourd'hui, 40 % de nos 2,6 millions d'étudiants occupent un emploi parallèlement à leurs études. C'est courageux de leur part, mais surtout bénéfique : cela leur apprend la valeur du travail et leur permettra de montrer à leurs futurs employeurs qu'ils sont déterminés à réussir et entreprenants. Mais vous préférez leur faire perdre la notion du travail !
L'État fait déjà beaucoup. Les étudiants sont logés dans les résidences du Crous et bénéficient, lorsqu'ils sont boursiers, de repas à 1 euro. Les droits d'inscription à l'université ont été gelés alors qu'ils sont déjà plus faibles que ceux de nos voisins européens. Les bourses et les APL ont été revalorisées et une aide exceptionnelle de 100 euros a été versée aux étudiants boursiers en fonction de critères sociaux. Évidemment, il reste beaucoup à faire, à commencer par construire 250 000 logements qui manquent, et le Gouvernement n'agit pas. Votre exposé des motifs n'en est pas moins bien ingrat.
Quant à ses modalités d'application, votre proposition ne contient aucun garde-fou, aucune condition de nationalité, de lieu de résidence ou de formation. Ainsi un étudiant étranger n'ayant jamais mis un pied en France pourrait-il suivre une formation à distance et améliorer son niveau de vie sans que cela ne pose le moindre problème. C'est scandaleux et accablant, mais cela ne nous étonne plus.
Oui, la misère étudiante existe. Pour y répondre, il faut des mesures concrètes et saines : par exemple réserver les logements du Crous en priorité aux Français, faire bénéficier les 18-25 ans de la gratuité des transports ferroviaires ou encore verser un complément de revenu aux étudiants français qui travaillent.