Ne tombons pas dans la caricature qui opposerait ceux qui croient à la science et ceux qui n'y croient pas. Soyons pragmatiques : alors que de nombreux intervenants ont invoqué la protection des soignants et des patients, il arrive que, dans la réalité, compte tenu des problèmes d'effectifs, on demande de venir travailler à une infirmière ou une aide-soignante porteuse du covid mais présentant peu de symptômes. Vous nous parlez de risques, mais par qui préférez-vous être soignés : par une infirmière non vaccinée qui n'a pas le covid ou par une infirmière vaccinée qui l'a ? Voilà la difficulté du quotidien, et la question n'est pas de savoir si l'on croit ou non à la science. Il ne faut pas utiliser la HAS pour cacher des questions qui sont d'ordre politique, et non pas scientifique.
Puisque vous me l'avez demandé, je vous rappelle, chers collègues, que l'avis de la HAS porte sur l'obligation vaccinale des soignants, mais pas sur leur réintégration, qui n'est pas une question scientifique. La question scientifique, c'est la vaccination, et ce n'est pas dans le pays de Pasteur que nous allons la remettre en cause. Je suis pro-vaccination : n'essayez pas de m'embarquer dans un autre discours et ne faites pas dire à la HAS ce qu'elle n'est pas mandatée pour dire.
Toutefois, si la HAS est pour la vaccination, la réintégration des personnels non vaccinés n'est pas un choix scientifique. La science varierait-elle d'un côté à l'autre de la frontière ? De fait, dans la partie de la région Auvergne-Rhône-Alpes dont je suis élu, frontalière de la Suisse, les personnes qui habitent Annecy vont travailler tous les jours à Genève, où les autorités ont permis aux personnes non vaccinées de revenir travailler. N'incriminons donc pas la science : il s'agit ici d'une responsabilité politique.