Imaginez que, dans vos professions respectives, du jour au lendemain, vous soyez suspendus, sans salaire, avec des enfants à charge et un coût de la vie qui devient insupportable, a fortiori en outre-mer. Ce scénario catastrophe est la réalité pour plusieurs milliers de soignants, de professionnels médico-sociaux et de pompiers, qui frappent aujourd'hui aux portes de nos permanences, ne sachant plus à quel saint se vouer. Allons-nous continuer à les blâmer alors même que, voilà peu, nous les applaudissons à vingt heures et qu'il est admis que la vaccination ne protège pas nécessairement de la transmission du virus ?
L'Espagne, le Royaume-Uni, l'Allemagne ou la Belgique n'ont jamais emprunté cette voie de rigorisme sanitaire. L'Italie, qui avait suspendu ses soignants non vaccinés, les réintègre aujourd'hui. Qu'attendons-nous pour le faire en France ?
Si le ministère de la santé affiche depuis plusieurs mois l'intention d'étudier l'hypothèse d'une réintégration, ce sont, en coulisse, des départs en retraite anticipée ou des reconversions professionnelles qui sont proposés. Or, en Guadeloupe, il est impossible de reconvertir des milliers de professionnels alors que 20 % de la population est au chômage. Et il ne suffit pas de traverser la rue, car nous sommes entourés d'eau...
Au moment même où ce mauvais plan est savamment orchestré en vue de jouer la montre, nos établissements de santé sont au bord du précipice, mais nous nous privons de ces professionnels. Nous éprouvons par ailleurs une grande reconnaissance envers les professionnels vaccinés, volontairement ou par dépit, qui tiennent les digues de notre système de santé.
Nous devons mettre immédiatement un terme à l'injustice que subissent plusieurs milliers de familles. C'est la raison pour laquelle le groupe LIOT soutiendra la proposition de loi de Mme Caroline Fiat et de son groupe, dont nous saluons le travail transpartisan.
Finissons-en avec les postures politiciennes, les orgueils et les egos. Pensons à l'intérêt général, à nos soignants, à notre personnel médico-social et à nos pompiers. Pensons à la santé des Français.