Dans la bouche de M. Ferracci, l'expression « social-démocrate » recouvre deux mensonges : ni « social », ni « démocrate », c'est « libéral-libéral » qu'il faut entendre. Votre amendement est une proposition de démanteler le Smic, qui ne sera plus indexé sur l'inflation mais négocié au niveau des branches.
Aujourd'hui, dans 146 branches, soit 70 % des branches, les salaires des premiers niveaux sont inférieurs au Smic : c'est un échec. Et, tel Ponce Pilate, vous vous lavez les mains ! Peu importe l'injustice totale du partage de la valeur entre le capital et le travail.
Dans le cœur de la crise sanitaire, le Président de la République disait pourtant qu'il nous faudrait nous « rappeler que notre pays tient tout entier sur des femmes et des hommes que nos économies reconnaissent et rémunèrent si mal ». Un rapport de la Dares, paru peu après, mettait en évidence que les salaires de près de 5 millions de travailleurs de la deuxième ligne étaient en dessous de la norme, dans dix-sept professions – ouvriers de l'industrie agroalimentaire, travailleurs du bâtiment, caristes, auxiliaires de vie, agents d'entretien, etc. Pourtant, Mme Borne, ministre du travail de l'époque, déclarait : « Nous faisons le pari avec confiance que le dialogue social aboutira à quelque chose d'intéressant ». Traduisez : on s'en lave les mains. Le dialogue social n'a abouti à rien d'intéressant, ni pour les agents d'entretien, ni pour les ouvriers de l'industrie agroalimentaire. Selon vous, l'État, le politique ne doit pas intervenir pour rétablir de la justice entre le travail et le capital. Mais qu'il intervienne pour donner 160 milliards d'euros tous les ans aux entreprises ou pour dire aux citoyens de rester chez eux lors de la crise du covid ne vous pose pas de problème.