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Intervention de Jean-Philippe Tanguy

Réunion du mercredi 9 novembre 2022 à 14h05
Commission d'enquête visant à établir les raisons de la perte de souveraineté et d'indépendance énergétique de la france

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Philippe Tanguy :

Les propos que nous avons entendus me semblent fournir une bonne partie de la réponse que nous cherchons.

Le marché des énergies supposait un État organisateur et planificateur. M. Percebois a évoqué la politique des grands barrages, on peut également songer au plan énergétique Messmer ou aux programmes qui ont suivi la crise pétrolière. Puis, sous l'impulsion de l'Union européenne et plus généralement des politiques anglo-saxonnes, la planification a disparu. Conséquence : ce qui fonctionnait s'est dégradé et ce qui devait fonctionner n'a pas eu lieu.

Il convient donc de s'inspirer de ce qui a été efficace et le demeure dans d'autres pays. On ne parle jamais des succès de la planification chinoise dans le domaine de l'énergie. La Chine annonce la livraison d'un nombre de réacteurs comparable à ce que la France parvenait à livrer dans les années 1980 : c'est donc encore possible. Et du côté des démocraties, la Corée du Sud a une planification nucléaire qui lui a permis de livrer, si mes informations sont exactes, les réacteurs commandés par les Émirats arabes unis dans des délais très raisonnables. Avec quelles conditions de travail, je n'en sais rien, mais du point de vue de l'ingénierie et de la maîtrise d'ouvrage, la Corée du Sud sait faire.

Dans le débat public, on a le sentiment que plus rien n'est possible, que le moindre programme prendra quinze ou vingt ans, alors qu'en même temps on entend parler de l'urgence climatique. Mais oui, il y a urgence, et pour toute l'humanité ! On a su faire vite, pourquoi n'y a-t-il aucune réflexion pour essayer d'accélérer les choses ? Si c'est pour ne pas avoir à s'opposer à des groupuscules de mécontents, il y a tout de même un problème de rationalité qui se pose.

Tout le monde devrait s'interroger sur la manière dont nos démocraties sont gouvernées. On invente de faux problèmes, dont on entend parler toute la journée – réglementaires, administratifs, idéologiques – et on ne parle surtout pas des vrais : quelles sont les technologies les plus efficaces, quelle planification adopter ? Il faut prendre des décisions, pas refaire toujours les mêmes débats avec les mêmes conclusions tous les ans.

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