La politique énergétique d'un pays dépend aussi de ses contraintes. Certains pays sont bénis des dieux de l'énergie et disposent de grandes ressources, comme les États-Unis. La France, elle, n'avait que du charbon à exploiter, lequel est devenu coûteux après la seconde guerre mondiale en raison de la profondeur des filons. Elle a lancé, dans les années 1950, son programme de grands barrages et, en 1960, la moitié de notre production d'électricité était issue de l'hydraulique – c'est 12 % aujourd'hui. L'effort a été colossal. Cela n'a été possible que grâce à la volonté de l'État – un peu aidé par le plan Marshall, il est vrai –, du point de vue économique mais pas seulement, puisque la construction de ces barrages, même celui de Tignes, soulevait déjà beaucoup de protestations.
C'est donc bien la volonté politique qui nous a assuré une certaine indépendance. C'est ce que tous les pays recherchent, car tous savent que la dépendance énergétique est aussi une dépendance politique à l'échelle internationale, une dépendance géopolitique. Il n'en reste pas moins que tout dépend de la « dotation initiale de facteurs », comme disent les économistes, Quand on a beaucoup d'hydraulique et de nucléaire et beaucoup de renouvelable, comme la Suède, on ne s'en sort pas trop mal !