C'est un sujet bien vaste et délicat qui est inscrit à l'ordre du jour. Je ne reviendrai pas sur l'actualité brûlante mais elle vient nous rappeler que nous avons encore du chemin à faire dans ce domaine.
Nous mesurons tous ici l'ampleur du phénomène de la concentration des médias, chacun ayant conscience que des grandes fortunes peuvent influer sur le contenu des publications, qu'il s'agisse de l'information ou de l'édition, ou sur la tenue de manifestations culturelles.
L'accès des citoyens à des médias libres et indépendants est un préalable à la démocratie, la perte du lien de confiance se répercute sur les institutions politiques. Garantir l'indépendance et le pluralisme des médias est un impératif démocratique. C'est pourquoi notre groupe s'est opposé à la suppression de la redevance audiovisuelle et continue d'appeler le Gouvernement à mettre en place un financement qui garantisse l'indépendance de l'audiovisuel public.
Dans le privé, la concentration à l'œuvre depuis plusieurs années comporte un risque démocratique, visible à plusieurs niveaux. Les citoyens remettent de plus en plus en cause l'indépendance des médias et la fiabilité des informations ; ils sont toujours plus nombreux à suspecter les journalistes et les médias d'être trop proches du pouvoir politique, des actionnaires ou des annonceurs. Parallèlement, le rôle de certains médias dans la diffusion d'informations tronquées ou fausses, à des heures de grande écoute, constitue un motif supplémentaire d'inquiétude. Le mouvement d'hyperconcentration intervient dans un contexte de crise de la presse, marquée par une réduction du nombre des journalistes, remplacés par des « chargés de contenu », la mutualisation des rédactions, avec le risque d'uniformisation de l'information et de recul du travail d'investigation. Tout cela nourrit la défiance.
La concentration nuit aux équilibres économiques, sur fond d'influence grandissante des plateformes numériques. Le projet de fusion entre TF1 et M6 n'a pas abouti, dont serait né un géant national représentant 41,5 % de l'audimat et 75 % du marché publicitaire. Comment considérer le potentiel rapprochement entre Vivendi et Lagardère sur le marché de l'édition ? La frontière est ténue entre la constitution de champions nationaux ou européens et la création de monopoles. La concentration est malheureusement indissociable des mutations numériques : les réseaux sociaux deviennent les principaux lieux d'information, de grandes plateformes de streaming apparaissent.
Il faudrait sans doute mener une réflexion plus globale, en continu. Le chantier est vaste et une révision législative semble nécessaire. Même si les députés du groupe Libertés, indépendants, outre-mer et territoires s'interrogent sur l'applicabilité et les effets des mesures proposées, dont le droit d'agrément sous la responsabilité des instances de représentation du personnel, ils partagent l'objectif et sont conscients des enjeux. Nous sommes ouverts à la discussion pour trouver des solutions efficaces et respectueuses de l'indépendance de l'information politique, des institutions et industries culturelles. Il est urgent d'agir et de poser les premiers jalons de la lutte contre ces phénomènes de concentration.