« Fléau médiatique, social et démocratique » : c'est ainsi que 250 journalistes, signataires d'une tribune publiée en décembre 2022, ont décrit la situation d'hyperconcentration des médias en France.
Personne ne peut le nier, la presse d'information politique et générale (IPG) se trouve entre les mains d'un petit nombre d'hommes et de sociétés dont l'activité principale est souvent très éloignée du monde de l'information et de ses principes : Libération, L'Express et les groupes BFM et RMC pour le groupe Drahi, Le Monde pour Xavier Niel, qui possède l'essentiel des titres de presse quotidienne régionale (PQR) du Sud-Est ; Les Éch os et Le Parisien pour Bernard Arnault, ainsi que des prises de participation dans les différents types de presse magazine ; Le Point pour François Pinault. La PQR est aux mains de cinq ou six acteurs, dont deux groupes bancaires qui ont cassé le système pluraliste issu de la Libération. L'exemple le plus éloquent est celui du groupe Vivendi, Vincent Bolloré contrôlant à la fois des chaînes de télévision comme Canal+, CNews ou C8, mais aussi une station de radio, Europe 1, et plusieurs titres de presse réunis dans le groupe Prisma Media – un pouvoir monumental entre les mains d'un seul homme d'affaires.
Aucune prise de contrôle des médias n'est anodine : les menaces sur le personnel, la liberté de pensée des journalistes, le pluralisme de l'offre, ou encore la qualité de l'information peuvent être bien réelles. Elles se manifestent sous diverses formes : augmentation significative du temps d'antenne consacré à l'extrême droite – plus de 15 points sur CNews –, licenciements abusifs de journalistes – tel celui de Stéphane Guy – censure de sujets dérangeants pour certains actionnaires, transformation des chaînes d'information en chaîne d'opinion.
Ces signes doivent nous alerter car l'information n'est pas une marchandise comme les autres, pas plus que les médias sont des entreprises comme les autres. Leur influence sur l'opinion, les débats publics, les décisions politiques et le vote des citoyens sont tels que nous devons renforcer nos exigences en matière de liberté, de pluralisme et d'indépendance, des valeurs constitutionnelles dont le Parlement est garant. Il revient donc aux parlementaires de s'assurer que ces remparts de la démocratie ne sont pas ébranlés.
Parallèlement, les Gafam s'impliquent davantage sur le marché mondial des médias et des contenus ; les réseaux sociaux ont une influence majeure chez les jeunes, nous en voyons tous les jours les conséquences. Face à ce constat, les citoyens doivent continuer de bénéficier d'une offre diversifiée et indépendante. L'hyperconcentration est un risque pour notre démocratie. Nous devons adapter la loi pour la limiter. Le groupe Socialistes et apparentés soutiendra cette proposition de loi.