Monsieur le président-directeur général, vous êtes à la tête de TotalEnergies, une des cent entreprises qui ont émis plus de 71 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre depuis 1988. Il est donc normal que la représentation nationale vous auditionne et que nous ayons aussi le droit au respect lors de cette audition, alors même que nous savons – et nous n'avons pas besoin de Bible pour cela, monsieur Pouyanné – que la sortie des énergies fossiles est la condition même de la préservation de l'habitabilité de la terre et des droits humains qui y sont associés, puisque le droit de vivre dans un environnement sain a été reconnu par le Conseil d'État.
Poser dans les paroles une ambition écologique sans que cela soit suivi d'actes pourrait être considéré comme illégal, voire criminel peut-être dans quelques années car, oui, nous parlons de droits : de vos droits à polluer et à détruire le monde et des droits fondamentaux de celles et ceux qui subissent déjà les impacts de vos activités ! J'aimerais à cet égard vous entendre sur le site pétrolier de Total à Balhaf au Yémen, qui a été réquisitionné et est utilisé depuis plusieurs années par l'armée des Émirats arabes unis, transformé en prison secrète où se pratiquerait la torture ainsi que des violations répétées des droits humains.
Nous parlons ici de droits, notamment de potentielles pratiques de greenwashing quand votre compagnie réalise toujours près de 90 % de ses investissements dans les énergies fossiles alors même, comme cela a déjà été dit, que l'Agence internationale de l'énergie demande de cesser toute nouvelle exploration d'énergies fossiles pour atteindre la neutralité carbone en 2050.
Difficile de poser une seule question tant vos activités conditionnent notre avenir, mais puisque vous n'y aviez pas encore répondu, monsieur le PDG, pourriez-vous apporter des clarifications sur votre bilan global réel d'émissions de CO2 qui, selon des associations, serait sous-évalué au regard de celui de vos voisins, en incluant tous les scopes ?