Rassurez-vous, TotalEnergies n'est pas en faillite. À la fin de l'année, le groupe sera totalement désendetté. Cela me semble plutôt une bonne chose, pour l'ensemble des salariés et peut-être aussi pour la collectivité nationale, d'avoir un leader mondial de l'énergie au moment où l'énergie est un enjeu majeur. Pour ma part, je suis très fier d'être PDG de cette entreprise. J'aimerais que mon sentiment soit partagé.
Je pense qu'il y a un vrai sujet avec l'Espagne, mais qui porte plutôt sur l'électricité que sur le gaz, pour être honnête. L'Espagne bénéficie historiquement de grosses capacités d'importation de gaz naturel liquéfié. Elle bénéficie également d'un tuyau qui remonte de l'Algérie et de nombreuses centrales à gaz qui sont très peu utilisées. Nous sommes présents en Espagne. Elle possède un réel potentiel de production d'électricité aujourd'hui, et demain d'énergies renouvelables puisque c'est un grand pays où le solaire et le vent peuvent s'imposer. J'ai recommandé aux pouvoirs publics d'étudier la possibilité d'accélérer des interconnexions électriques qui seraient très utiles demain pour remonter des électrons et alimenter l'Europe en électricité à partir de l'Espagne. Donc, premier commentaire, je pense qu'il existe un vrai potentiel électrique.
Deuxièmement, le projet MidCat est un projet qui posait des problèmes environnementaux importants, majeurs. Lorsque, j'étais conseiller d'Édouard Balladur il y a vingt-cinq ans, j'ai travaillé sur les sujets d'écologie et les Pyrénées, car MidCat défrayait déjà la chronique. À mon avis, le projet d'un gazoduc sous-marin entre Barcelone et Marseille transportant de l'hydrogène vert, qui n'a de sens que si l'on pense le futur, est sans doute plus facile à réaliser que de vouloir traverser les Pyrénées. Je n'ai pas étudié la biodiversité marine mais je pense que cela fait sens dans la perspective de l'hydrogène vert.
L'hydrogène vert est un sujet auquel vous réfléchissez lorsque vous êtes un grand producteur d'énergie parce que cela fait partie des molécules qui, demain, pourraient devenir très intéressantes. La question est de savoir où le produire au moindre coût. L'hydrogène vert, c'est de l'électricité. Nous sommes en train de chercher et de prendre des positions dans des pays afin d'en produire demain. C'est le cas au Chili, en Mauritanie et dans certains autres pays. L'Espagne est l'un des pays où il est possible de combiner solaire et vent.
C'est ainsi qu'il faut comprendre la situation. De mon point de vue, l'accord récent entre les États concernés me paraît un bon accord, qui réconcilie les positions, notamment dans la perspective de l'hydrogène vert. Donc, le fait qu'il faille sept ans pour construire un corridor des énergies vertes n'est pas très grave, car c'est sans doute à cet horizon que nous aurons les structures permettant de l'alimenter. La priorité est de mettre en place des interconnexions électriques avec l'Espagne.