Monsieur le président-directeur général Pouyanné, je n'évoquerai pas les bénéfices records réalisés par votre entreprise, qui n'ont été que partiellement redistribués aux salariés et aux Français, car nous pourrions en parler toute la matinée. Je me concentrerai plutôt sur votre stratégie d'investissement.
Nous sommes forcés par les faits : la crise énergétique apparue à l'été 2021 a fait exploser les prix de l'énergie. En outre, vous l'avez dit, nous sommes très dépendants du gaz russe qui représente aujourd'hui 40 % du marché européen du gaz et joue une part importante dans notre consommation. Vous avez expliqué à plusieurs reprises que, sans le gaz russe, l'économie européenne entrerait immédiatement en récession. Mais au-delà, c'est TotalEnergies qui en est dépendant. Vous le dites, et les chiffres le montrent, puisque vous expliquez régulièrement que la stratégie de TotalEnergies se fonde, pour une large part, sur le gaz russe et que le groupe ne peut pas se retirer des contrats à terme de gaz sur vingt-cinq ans. Le gaz russe permet de générer plus de 10 % de votre résultat et le groupe TotalEnergies a investi en Russie près de 20 milliards d'euros. C'est donc sa santé financière qui est en jeu et, derrière, la pérennité de l'approvisionnement énergétique de notre économie mais aussi nos objectifs de transition énergétique, puisque vous comptez sur le gaz comme énergie de transition pour financer le mix énergétique.
L'adage dit que diriger, c'est prévoir, et que ne rien prévoir, c'est courir à sa perte. Monsieur le président-directeur général, dans l'hypothèse d'un arrêt complet des livraisons de gaz, pourriez-vous nous détailler votre stratégie ?
Par ailleurs, pensez-vous qu'il est judicieux d'avoir investi tant d'argent dans un seul pays ? Certes, le gaz russe, dites-vous, était la solution d'approvisionnement la moins chère, mais peut-on être dépendant à ce point d'un seul pays ? Face au contexte politique, que prévoyez-vous pour redéfinir la stratégie d'investissement de TotalEnergies?
Enfin, concernant l'investissement environnemental de TotalEnergies, comment pouvons-nous contribuer à réduire l'empreinte carbone du groupe tout en ne fragilisant pas nos positions vis-à-vis de nos concurrents étrangers ? En effet, imposer des contraintes qui pèseraient sur votre activité mais qui feraient gagner des parts de marché à des entreprises russes, chinoises ou américaines n'a aucun sens. Nous devons soutenir TotalEnergies qui reste l'une des rares grandes entreprises françaises. Mais, comme l'a dit le président Bourlanges, TotalEnergies doit également rendre des comptes. Merci donc pour votre présence ce matin ! TotalEnergies par son ampleur et son impact sur l'économie française a un devoir particulier vis-à-vis de notre pays.