Mme la présidente Le Pen ne pouvant être présente en commission aujourd'hui, je me fais son porte-parole à travers une question qu'elle souhaitait vous poser directement, et que je vous adresse donc.
Monsieur le PDG, j'appelle votre attention sur les ambitions énergétiques de la France qui sont portées par le groupe TotalEnergies dans les eaux du canal du Mozambique. Votre entreprise est présente dans la région du Cabo Delgado où le programme Mozambique GNL s'avère prometteur malgré l'instabilité sécuritaire de la zone. Néanmoins, ce sont vers des eaux du canal situées plus au Sud que ma question s'oriente.
En effet, le canal du Mozambique est une voie maritime importante puisque, chaque année, transitent dans ses eaux au moins 30 % du trafic pétrolier mondial. Depuis 2017, la France administre une très grande partie de l'archipel des îles Éparses, à savoir les îles Europa, Bassas da India et Juan de Nova, ainsi que l'archipel des Glorieuses. Des bases militaires y sont d'ailleurs installées depuis 1970 pour affirmer notre souveraineté là-bas. La zone est riche en ressources halieutiques, minières et, plus particulièrement, gazières. Il est donc évident que la France tourne son regard, mais plus encore son industrie, vers cette manne énergétique, qui se situe à proximité de nos territoires ultramarins lorsqu'elle n'est pas présente dans les eaux même de notre zone économique exclusive (ZEE).
Pour l'heure, les prospections – consistant en des recherches sismiques en trois dimensions (3D) ou des carottages – sont déjà réalisées. Ce sont des types d'exploration qui ont été menés aux îles Éparses, celle de Juan de Nova, par exemple. En revanche, la France n'a pas la direction, encore moins le monopole de ces prospections puisque le ministère chargé des accords sur les mines a accordé deux blocs d'exploration des ZEE sur l'île : le premier a été accordé en 2005 à une entreprise norvégienne ; le second, en 2008, à une entreprise américaine et à une nigériane également.
Il est grand temps d'exercer notre souveraineté sur place, en faisant du fleuron de l'industrie de l'énergie française qu'est le groupe TotalEnergies le promoteur d'une exploitation gazière de grande ampleur dans le canal du Mozambique.
Monsieur le président-directeur général, ma question est vaste mais présume, s'il vous plaît, une réponse précise : quelles sont les ambitions du groupe TotalEnergies dans les eaux du canal du Mozambique, au regard de ses capacités de production ? Le cours du pétrole remonte actuellement ; peut-être est-ce une opportunité pour ces forages ?
La loi mettant fin à la recherche ainsi qu'à l'exploitation des hydrocarbures, qui a été portée par Nicolas Hulot et votée en juillet 2017, prévoit l'interdiction de l'attribution de nouveaux permis de recherche d'énergies fossiles, qu'il s'agisse du gaz, du pétrole ou du charbon, et interdit le renouvellement des concessions jusqu'en 2040. Ce texte est-il un frein à l'intérêt de TotalEnergies ?
Ma dernière question portera sur les opportunités économiques de très grande envergure qui sont, malheureusement, rares dans les outre-mer. Les ressources gazières dans les eaux du canal du Mozambique représentent un intérêt majeur pour le département de Mayotte et pourraient être très utiles dans la conduite de recherche d'exploration, de même qu'elles s'inscrivent dans un contexte d'une crise énergétique sans précédent, comme vous le savez.